Que ce soit à Fréjus, où la guerre entre David Rachline, le maire, et la presse locale sévit ou à Hénin.Baumont dans le Nord ou encore à Bézier, l’atmosphère est souillée. Les élus du FN supportent très mal la critique. Ils voudraient être encensés par les journaux locaux. Il serait à craindre qu’il en soit de même au niveau national. La peur est justifiée que si Marine Le Pen arrivait en tête du scrutin présidentiel , elle agisse de même que Recep Erdoğan en interdisant tous les organes de presse qui ne lui soient pas favorables. Il se pourrait aussi que nombre de reporteurs soient jetés en prison. C’est cela qui caractérise les mouvements autoritaires. Ce qui se passe dans les communes FN présage rien de bon. C’est une flambée de haine que subissent les collègues. Des injures inadmissibles leurs sont lancées à la tête. Et nous ? Nous restons muets par rapport à cette évolution. Il faut que les populistes aient un ennemi. La presse peut jouer ce rôle. Il en est de même en Allemagne où le mouvement Pegida prétend que ceux qui écrivent ou tournent à leur sujet, sont des menteurs. Il est aisé de faire de la politique sans même jeter un regard sur soi-même. Ils réclament l’impunité même si par leurs diatribes ils blessent la loi. De telles personnes partent du principe qu’elles ont toujours raison. Ce qui est particulièrement inquiétant dans un tel contexte, c’est de voir à quel point un grand nombre de supporteurs gobent ce qu’on leur dit. Au lieu de remettre en question ce qui est décidé, une normalité dans le système démocratique, ils se hissent sur un tel piédestal, qu’ils se prennent pour des êtres supérieurs. C’est ce qui caractérise les dictateurs.
L’exemple que nous livre la Turquie ces jours-ci devrait nous inciter à nous poser des questions. Lorsqu’il s’agit de pouvoir, les principes de la liberté collective et individuelle sont remis en question. Tout se focalise sur « l’être providentiel » qui doit les mener hors de l’ornière. La gestion des communes sous le drapeau FN, laisse souvent à désirer. C’est de l’autoritarisme de mauvais aloi ! Une préfiguration de ce qui pourrait se passer au niveau national. Les attaques contre la liberté de la presse sont prémonitoires. Lorsqu’elle est mise dans le collimateur, on peut être certain que d’autres restrictions suivront. Il est déconcertant de voir, comme à Fréjus par exemple, que les municipalités essaient de remplacer l’information par du bourrage de crâne. Ce sont elles qui se subtilisent à la presse prenant l’initiative de publier elles-mêmes les informations les concernant. Il est évident que de telles plaquettes font partie de la propagande du FN. Le grand public ne peut que lire de tels organes, car aucun autre pourrait les informer de l’état-civile des citoyens. Les maires refusant de transmettre ce genre d’informations à la presse locale. Ne pouvant pas dans la situation actuelle blesser le droit à la parole en leur interdisant l’accès du conseil municipal, tout est fait pour leur rendre la vie impossible. Les journalistes n’ont plus de table où travailler. Ils doivent se mêler au public. Ces faits sont très graves. Ils démontrent où pourrait glisser le pays. Lorsque les citoyens se soumettent à un tel régime, le totalitarisme les guette au contour.
pm
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