Michel Rocard, l’ancien premier ministre de François Mitterrand, est mort hier à l’âge de 85 ans. Il incarnait la social-démocratie à la française. Une ouverture au centre qui incluait aussi bien le social que l’économique. Une mayonnaise qui a du mal à prendre chez les socialistes, comme on peut s’en apercevoir aujourd’hui. Lorsque les regards se tournent vers le SPD allemand, il y a une marque de respect d’une part, de doute de l’autre. Il s’avère de plus en plus que cette double stratégie déconcerte les électeurs qui ne savent plus très bien à quel saint se vouer. Et ceci en particulier chez les syndicats qui se veulent combatifs, non pas conciliants. Être raisonnable et pragmatique ne leur convient pas. Michel Rocard avait pour but d’obtenir une synthèse, mais les camarades ne l’entendaient pas ainsi. Manuel Valls, un de ses disciples, est directement mêlé à ce genre de joutes et à de plus en plus de mal à résister contre une vague populaire qui réclame le tout ou le rien. Faire entendre le pragmatisme n’enflamme pas les foules. Et c’est en particulier cela que la France a besoin. Passé de la gauche au centre, Michel Rocard a eu de le peine à faire accepter cette pilule amère. Pour beaucoup il est trop intellectuel, trop théorique malgré son besoin de s’adapter à une situation actuelle. Il n’est pas dogmatique, ce qui a entre autre déplut aux marxistes. En lui je retrouve tout le dilemme du socialisme 2016. Une valse-hésitation entre le pragmatisme financier et économique et une fibre empathique en ce qui concerne les plus démunis. Les faits le démontrent : cette double-veste n’est pas efficace électoralement parlant. C’est cette situation que doit affronter le Président de la République. Bien que certaines de ses options sont parfaitement équilibrées, elles sont perçues par le public comme un signe de faiblesse. C’est là que gît le mal pour une grande majorité.

Le PS constate bien qu’une telle ouverture lui cause du tort. Aussi la social-démocratie en Allemagne, qui se court-circuite elle-même en optant pour des causes qu’Angela Merkel trouve importantes. Les sondages le prouvent. Le pourcentage du SPD en cas d’élections immédiates, est à la baisse et ceci malgré une contribution efficace au sein du gouvernement de la grande coalition. La preuve qu’un discours à la Rocard génère souvent de l’incompréhension. Les syndicats l’ont bien compris. La raison pourquoi ils envoient leurs troupes dans la rue pour manifester contre la loi du travail, qui par bien des points résulte de la réalité. C’est peut-être aussi le manque d’utopie qui dérange. Tous ceux qui ne dépassent pas le niveau vital, ont peur de se retrouver abandonné face au capitalisme. La gauche démocratique appelle le patronat à négocier avec elle des conditions équitables, qui seraient positives pour tous. Aux yeux de bien des militants elle sacrifie ainsi le principe d’une société où les salariés jouiraient d’avantages cruciaux pour leur avenir. Est-ce la raison pour laquelle bien des camarades se sont radicalisés et votent aujourd’hui le FN ? Il faut se rendre à l’évidence qu’un langage pondéré ne leur sied pas. Michel Rocard aura marqué ma génération. Malheureusement il ne touche plus les jeunes. Quel dommage !

pm

http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2016/07/02/l-ancien-premier-ministre-michel-rocard-est-mort_4962631_3382.html

Pierre Mathias

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