Ce matin je dois me rendre aux obsèques d’une dame qui a souffert depuis des années du cancer. Les médecins ont tout fait pour la maintenir en vie. Ces thérapeutes sont complètement stressés par des heures de travail sans fin, par la confrontation quotidienne avec des personnes voulant braver la mort. Il est de notoriété publique qu’avec les progrès de la médecine les gens pensent de plus en plus qu’ils sont immortels. Cela amène les médecins a vouloir faire l’impossible et les soumet à une pression insupportable. Dans de telles conditions il n’est pas étonnant que ces derniers sombrent souvent dans la dépression. Pour pouvoir supporter une telle gageur il faudrait être de marbre. Ils ne le sont pas ! Sans empathie il est impossible d’avoir un succès en ce qui concerne la santé. Un des phénomènes les plus marquant de notre époque est l’abnégation complète de ce que signifie la mort. Que l’on veuille ou pas, elle fait partie de la vie. Vouloir à tout prix la repousser dans le temps, est une utopie. La question de l’éthique médicale est fondamentale. Il est indispensable de savoir le pourquoi d’une thérapie. Vouloir pratiquer sans réflexion philosophie ou religieuse des soins, est un suicide moral pour ceux qui les pratiquent. D’après ce que je sais, ces questions ne font pas toujours partie de la formation d’un médecin. Si on ne veut pas le comparer à un mécanicien, il faut tenir compte de ce qu’on nomme communément l’âme. L’âme du patient et celle du thérapeute. La philosophie devrait être un des points essentiels de toutes formations. Il faut qu’il sache le pourquoi de ce qu’il pratique. J’ai souvent l’impression qu’il se livre à des joutes scientifiques et qu’il n’analyse pas toujours la portée de son action.

Le serment d’Hippocrate l’oblige à sauver les vies, Cela ne consiste pas à vouloir les maintenir sans penser au bien du patient. C’est le dilemme dans lequel vivent un grand nombres de médecins. Même si la mort pourrait paraître être la meilleure solution, ils ne doivent en aucun cas, d’après la loi, être juges. Arrêter des soins, même si ces derniers sont inutiles, peut être considéré comme une aide au suicide. En Allemagne par exemple, chacun a la possibilité de rédiger une lettre où il définit très exactement sa volonté. Un ami qui est décédé l’année dernière, l’a fait, mais la clinique qui s’en occupait n’en a pas tenu directement compte. Ce homme avait un cancer qui le faisait souffrir épouvantablement. Il était soumis à des soins intensifs qui ont mis en danger son cœur. Il a cédé. D’une part il était indispensable de continuer ces mesures palliatives, de l’autre remettre en route son état cardiaque. C’est évidemment impossible, mais malgré cela il a été opéré à trois reprises après son attaque. L’hôpital a encaissé plus de 80.000 euros pour une mesure qui était illusoire dès le début. Un médecin raisonnable l’aurait fait mourir, mais il aurait risqué gros. Ce genre de situation dépasse de loin les compétences d’un thérapeute. Ce qu’on lui demande le précipite dans un abîme s’il est un temps soit peu sensible. C’est la même chose pour les médecins hollandais lorsqu’ils pratiquent l’euthanasie. Il ne faut en aucune manière qu’ils se subtilisent à Dieu ! Est-ce vraiment ainsi ?

pm

http://www.lemonde.fr/campus/article/2016/06/28/etudiants-en-medecine-et-jeunes-medecins-en-etat-de-souffrance-averee_4959431_4401467.html

Pierre Mathias

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