En Allemagne 33.000 personnes se sont rassemblées dans quelques villes pour obtenir plus d’ouverture par rapport aux étrangers. Lorsqu’on regarde ce chiffre, ils parait bien dérisoire par rapport aux populistes qui défilent constamment dans les rues pour prôner l’exclusion. Serait-ce un acte d’impuissance ? Il est évident que les paroles discriminatoires contre l’islam remportent aujourd’hui plus d’adhésion que l’acceptation d’une société multiculturelle. Il est plus facile de mettre toute une frange de la population au pilori que de faire comprendre aux gens, qu’il y eu, tout au moins en Allemagne, où les suites du colonialisme n’existent pas comme en France, un revirement de la situation. Après la grande vague d’humanisme de l’été 2015, il y a eu un réveil qui a abasourdi une majorité de citoyens. Tout à coup un sentiment de peur a fait place à l’accueil sans limites de migrants. Un élan de cœur qui est maintenant pour beaucoup suspect. L’ambiance est en train de capoter, ce qui ne me ravi pas, au contraire. La preuve sont les incendies criminels des maisons d’accueil. Il est étonnant qu’il n’y ait pas eu plus de victimes. La police et la justice ont du mal à enrayer la violence, qui pour beaucoup est légitime. Est-ce la preuve que l’Allemagne est mal préparée en ce qui concerne les réfugiés ? Le gouvernement n’a jusqu’à présent pas su convaincre ses ressortissants que l’immigration peut aussi être un bien, dans un pays ou la courbe démographique baisse de plus en plus, laissant craindre que d’ici peu, l’essor économique puisse être enrayé par le manque de naissances. Il est un fait objectif que le pourcentage des personnes âgées augmente de plus en plus, mettant ainsi toute stabilité sociale en question. Qui pourra assurer une pérennité en ce qui concerne les rentes vieillesses ? C’est une inquiétude qui se fait sentir dans toutes les couches de la société.

Dans un tel cas il n’est pas étonnant que Madame Merkel ait vu d’un bon œil la venue de milliers d’étrangers. D’un point de vue strictement théorique cela repose sur le bon-sens, mais allez expliquer cela à des gens qui ressentent que de la haine ? Il est très difficile d’extirper de tels sentiments. Faut-il pour autant prendre ses distances par rapports à de telles actions ? Non, ce qui les caractérisaient hier, c’était avant tout l’aspect interreligieux. C’est de cela qu’il est question lorsqu’on lit dans les journaux les propos de l’extrême-droite et du mouvement Pegida. Une mise en accusation générales des musulmans de toutes obédiences. Les protestataires seraient prêts, comme Donald Trump, de les discriminer, de les mettre à égalités avec les terroristes. Chrétiens, juifs et musulmans se sont retrouvés pour défendre la liberté de religion. Le souvenir du 9 novembre 1938 où les synagogues brûlaient est encore présent dans les esprits. N’oublions que la Nuit de cristal a marqué le début de la solution finale, celle d’éliminer tous les juifs dans des chambres à gaz. Nous n’en sommes pas là, mais malgré tout il faut enrayer au plus vite de telles tendances. Une intégration rapide est le seul moyen de freiner la vague xénophobe que l’Allemagne connaît actuellement. Est-elle possible ? Je crains qu’il soit trop tard. L’esprit néonazi a le vent en poupe !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/06/19/des-milliers-de-personnes-se-rassemblent-pour-une-allemagne-diverse-et-ouverte-sur-le-monde_4953661_3214.html

Pierre Mathias

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