Une fois de plus des cadavres ont été découverts sur les plages libyennes. Il s’agit de réfugiés ayant fait naufrages au large. D’après les dires des rescapés, des centaines de personnes auraient trouvé la mort. Ce genre de statistiques risque de passer aux faits divers, ce que je veux éviter à tout prix. Des hommes, des femmes et des enfants se sont noyés parce qu’ils avaient espoir de trouver un peu de liberté. Pour les passeurs une bagatelle, tant qu’ils ont encaissé de l’argent. Une exploitation insupportable du désespoir. Tant que les conditions de vie au Proche et Moyen-Orient et en Afrique ne s’amélioreront pas, le flux de migrants ne s’arrêtera pas. Une situation qui risque de devenir insupportable pour les pays soit-disant d’accueil. Il est évident que certaines nations comme l’Allemagne ou la Suède ploient sous une immigration incessante, qui déclenche un réflexe de rejet. Le résultat est la montée de l’extrême-droite comme c’est le cas en Autriche, en Pologne ou en Hongrie. Le phénomène du racisme et de l’exclusion risque de faire imploser l’UE. Et nous ? Nous assistons à ce spectacle sans pouvoir intervenir directement. Nous sommes comme paralysés face à l’intolérance. Cette dernière a pour moteur la peur de l’inconnu. Même des nouvelles alarmantes pour tous ceux qui recherchent un refuge ne les arrêteront pas à chercher un asile, tant leur situation est sans espoir. C’est un fait objectif. Mettons-nous à leur place. Réagirait-on autrement ? Pas forcément !

Pour les migrants, seule la survie compte. Malgré les tensions que nous constatons sous nos latitudes, ils préfèrent prendre de tels risques. Ils n’ont honnêtement pas le choix. Ce qui est fatal dans ce drame, c’est que nous n’avons pas d’idées comment devenir maître de cet exode, tout au moins à court-terme. Si notre but était de créer pour ces pauvres gens des conditions décentes dans leurs pays respectifs, cela mettrait des générations. Des solutions rapides sont du domaine de l’utopie. La raison pour laquelle les frontières deviendront de plus en plus hermétiques. C’est un choix qui a été imposé par ce ras-de-marée humain. Dans de telles conditions, toute pitié prend un aspect nauséabond, car les morts en Méditerranée sont aussi dues à notre intransigeance, qu’elle soit légitime ou pas. C’est aussi le résultat d’une politique de plus en plus restrictive. Humainement une hérésie, mais logiquement peut-être la seule alternative. C’est bien cela qui rend ces horreurs encore plus douloureuses. Nous cherchons à sauver notre démocratie en réagissant d’une manière parfaitement incompatible par rapport à la charte des droits de l’homme. Ces morts-noyés devraient être un avertissement pour tous ceux qui veulent atteindre les côtes italiennes ou autres. Ce n’est pas le cas. Les réfugiés sont bien conscients du danger qu’ils encourent, mais ne feront pas marche-arrière. Personne ici ne peut se considérer comme étant innocent. Notre bien être se base sur une injustice. Je pense au colonialisme et à ce qui s’est passé ensuite. L’exploitation brutale des ressources des populations. Tous essais de vouloir se disculper est à mes yeux de la poudre jetée aux yeux de nous tous. Nous sommes la cause de ce calvaire !

pm

http://www.liberation.fr/planete/2016/06/03/naufrages-en-mediterranee-l-europe-ne-pense-qu-a-se-proteger-davantage_1457146

Pierre Mathias

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