Le parlement allemand a enfin reconnu le génocide arménien, ce qui déplaît souverainement au Président Erdoğan. Mais il ne s’agit pas seulement des méfaits des Ottomans. Au cours de la première guerre mondiale, l’empire germanique était leur allié et a ignoré les massacres. Devant le Bundestag, le leader des Verts, Cem Özdemir, a déclaré que la Turquie n’était pas la seule responsable. Aussi ceux qui n’ont pas bronché comme c’était le cas de l’Allemagne. Je ne comprends pas pourquoi la Turquie refuse de reconnaître les faits. C’est un peu comme si la République Fédérale prétendait qu’à Auschwitz il n’y ait pas eu de solution finale. Et ceci d’autant plus que les habitants vivant actuellement ne peuvent en aucun cas être pris pour responsables. C’est vraiment de la fierté au rabais. Berlin ne pouvait pas réagir autrement. Bien que la Chancelière et les membres du gouvernement auraient souhaité que le débat n’ait pas eu lieu, personne ne pouvait s’opposer à l’initiative des parlementaires. Angela Merkel craint qu’un tel plébiscite puisse détériorer les relations entre les deux pays. Ce sera sûrement le cas, connaissant la manière soi-disant forte de l’autocrate d’Ankara. Il pense pouvoir faire la pluie et le beau temps, non seulement dans son pays, mais en Europe toute entière. Il sait parfaitement bien que l’UE est en crise à cause du flux des migrants et peut être de ce fait sujette à un chantage. Il détient la possibilité d’augmenter ou de diminuer le flot migratoire. Pour l’amadouer, des sommes considérables ont été débloquées. Pour Recep Erdoğan une affaire juteuse. Il peut à souhait augmenter la pression. C’est la raison pour laquelle l’accord obtenu avec les Turcs est bancal depuis le début. Il se pose la question s’il est opportun de continuer dans cette voie ? Personne ne changera le caractère du président. Il a l’air de se sentir de mieux en mieux et ceci dans le cadre de la provocation. Maintenant qu’il est bien scellé dans le pouvoir, il fera tout pour briser toute opposition. Cela se passe dans la répression policière et militaire. Ne soyons pas aveugles c’est un homme ayant un caractère antidémocratique.

Il sera de plus en plus difficile de garder le cap, notamment lorsqu’il s’agit de la candidature de la Turquie pour l’UE. Ce qui se passe actuellement rend cette option impossible, tout au moins à mes yeux. N’oublions pas que les droits de l’homme sont bafoués, que la presse est muselée et que la guerre contre les Kurdes est omniprésente. Il y aussi l’EI, qui n’hésite pas à envoyer ses kamikazes pour attiser la crise que connaît cette nation. La grande colère contre la notion du génocide ne peut qu’être expliquée par une certaine nostalgie. Les dirigeants actuels se sont mis en tête de faire revivre l’empire ottoman. Ils se voient déjà comme puissance « protectrice » du Proche et Moyen-Orient. Tout irait dans ce sens si le pays n’était pas touché par la guerre civile. Il est à craindre que nos amis turcs auront un réveil douloureux. Recep Erdoğan jette de la poudra aux yeux. Pour combien de temps encore ? Tant qu’il a le soutien d’une majorité de la nation, il ne changera pas le fusil d’épaule. Comme Vladimir Poutine, il joue à l’homme fort. Un attrape-nigaud !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/06/02/les-deputes-allemands-veulent-la-reconnaissance-du-genocide-armenien_4931205_3214.htm

Pierre Mathias

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