Le syndicat du livre de la CGT s’est désavoué lui-même en empêchant la publication des grands quotidiens de la presse. Seule l’Humanité était en mesure de faire tourner ses rotatives hier, parce qu’elle s’est pliée aux exigences du syndicat d’imprimer une déclaration de Philippe Martinez, concernant la loi du travail. Les organes ont refusé de se soumettre à un tel chantage, prétendant qu’il remettait en question la liberté de la presse. En tant qu’ancien militant syndical d’une organisation appelée à soutenir les journalistes, je m’élève d’une manière catégorique contre de tels agissements. Si une telle contrainte était venue du côté des patrons, je peux parfaitement m’imaginer, ce que cela aurait pu donner. Avec raison la CGT aurait fustigé une telle action en la traitant de censure. Ce qui s’est passé est un déni complet de notre raison d’être. Qui d’autre qu’un syndicat peut fustiger une telle restriction de notre liberté d’expression ? Ce sont les valeurs mêmes de la République qui sont bafouées. Je ne peux pas m’empêcher d’y trouver un relent de totalitarisme. Lorsqu’on sait comme les médias ont été traités sous le communisme, c’est un premier pas qui va dans une telle direction. Il ne se passe pas un jour sans répressions en ce qui concerne les journalistes. Ils sont soumis de plus en plus à des règles restrictives et faute de s’y plier, ils vont tout droit en prison, s’ils ne sont pas tués préalablement. Je citerais pour exemple la Turquie, la Hongrie, la Pologne et évidemment la Russie de Poutine. Un syndicat qui dit représenter l’ouverture et qui de surcroît à le devoir de soutenir des collègues en difficultés, ne peut pas agir de la sorte, peu importe le but recherché par une grève. Le mouvement inspiré entre autres par la CGT a perdu à mes yeux toute légitimité morale en faisant un tel chantage. Je ne sais pas quel démon l’a incité à agir ainsi. Ce qui s’est passé hier, est digne de la RDA et des autres démocraties populaires.
Il n’y a qu’un pas à faire pour exiger la mise en congé de tous ceux « qui ouvrent leur gueules. » Je pense que si j’étais encarté dans une telle organisation, je la quitterais. La CGT montre ainsi son vrai visage : celui du Stalinisme. Non, je refuse la dictature du prolétariat. La société préconisée par elle, n’est pas la mienne ! Même en approuvant les texte de loi régissant le travail, je trouve le droit de débrayer tout à fait légitime, lorsqu’il ne ressemble pas à une prise en chantage. Vouloir que le gouvernement retire tout simplement un projet, n’est pas une solution d’avenir. Au contraire, c’est la preuve à quel point la CGT est sclérosée. L’opposition systématique et la lutte des classes, sont des spectres du passé. Un mouvement syndical d’actualité se doit de négocier. Il ne devrait en aucun cas se prendre pour un parti politique. Son rôle est de soutenir les aspirations des travailleurs, non pas de vouloir changer de fond en comble la société. Je sais, il est très difficile de se démarquer, mais dans ce cas-là ce serait bénéfique. Les dirigeants de la CGT savent parfaitement bien que les lois régissant l’emploi, doivent évoluer. Elle devrait se mettre en tête d’une action concertée ayant comme but de faire redémarrer l’économie. En bétonnant tout, elle agit d’une manière non-citoyenne.
pm