François Hollande ne veut pas passer pour un homme ayant cédé à la pression de la rue. C’est la raison pour laquelle il est à prévoir qu’il ne fera pas de compromis en ce qui concerne la loi El Khomri. S’il veut passer dans l’histoire comme un homme courageux, il ne peut pas agir autrement. Il est évident que cette attitude, aussi compréhensible soit-elle, divise la gauche, notamment à l’Assemblée nationale. Le groupe parlementaire du parti socialiste risque de se désintégrer. Ceci, une année avant l’échéance présidentielle, est du poison. C’est la raison pour laquelle les partisans de Martine Aubry restent étrangement clames. Comme on le sait, ils ont bien des réticences à accepter un texte qui pour eux est un coup de poignard concernant les salariés et les ouvriers. Mais si la maire de Lille frondait, elle risquerait de démonter encore plus le Président. Elle ne le fera pas voulant ainsi éviter que Manuel Valls prenne encore plus les rennes entre ses mains. Pour la gauche du parti cela serait pire. D’où son attentisme. La loi va passer au Sénat, où la majorité est de droite. Il est à prévoir qu’il y aura des amendements qui pourront dénaturer le texte actuel. Ce sera à la chambre des députés de reprendre le flambeau. Quoiqu’il arrive nous nous trouvons dans une logique d’autodestruction. Je ne suis pas enclin de critiquer un projet de loi, qui dans sa nature est essentielle pour le pays. Gouverner ne consiste pas à avaler toutes les couleuvres qui se trouve sur le chemin. Au contraire. Il faut être en mesure de nager contre le courant, si c’est dans l’intérêt de la France. C’est ce qui se passe actuellement. Une réforme profonde des conditions de travail est nécessaire afin de faire redémarrer l’économie. Il est difficile pour les salariés de comprendre une telle démarche. Leur dire qu’il faut se sacrifier n’est pas une mesure bien populaire, au contraire. Mais tout passera par là.

Je regrette pour ma part qu’une telle initiative n’ait pas eu lieu plus tôt. Elle aurait eu la qualité de montrer un volontarisme qui jusqu’alors a fait défaut. Le moment est des plus défavorables pour imposer de telles réformes, mais il vaut mieux le faire tardivement que jamais. La CGT, quant à elle, qui laisse des plumes depuis des années, n’a pas hésité à monter sur le ring. C’est de la démagogie pure, mais que ne ferait-on pas pour redorer son blason ? Un fait : il est plus facile de paralyser un pays que de proposer des solutions adéquates pour relancer l’emploi. C’est ce qui me gêne le plus. En exigeant le retrait pur et simple de ce projet de loi, ce syndicat ne peut qu’être considéré comme une relique du passé. Ce n’est guère encourageant pour l’avenir, où les partenaires sociaux devraient plancher sur un programme novateur. La CGT n’a pas compris que l’état de sclérose où se trouvent bien des entreprises, ne pourra qu’accentuer les disparités sociales. Pour pouvoir financer le social, il est impératif de gagner de l’argent. Ses dirigeants semblent l’oublier. Pour ma part j’attends de l’Élysée une intransigeance totale. Il faut enfin que le peuple comprenne que sans de gros efforts nous ne sortirons pas de la crise. Voulons-nous générer encore plus d’assistés ? C’est dans l’intérêt du pays tout entier, que chaque citoyen prenne enfin conscience que sans une relance, tout est perdu. À bon entendeur !

pm

http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/05/25/la-loi-travail-le-chef-de-l-etat-veut-montrer-a-travers-cette-loi-sa-capacite-a-reformer_4926427_823448.html

Pierre Mathias

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