C’est avec intérêt que j’observe les primaires américaines. Je souhaiterais qu’Hillary Clinton remporte la mise et puisse affronter Donald Trump. Tout en aillant de la sympathie pour Bernie Sanders et son programme social-démocrate, je pense que pour les États-Unis il serait grand temps qu’une femme soit aux commandes du pays. Mais ceci à condition qu’elle ne se métamorphose pas en homme, comme c’était le cas de Margaret Tatcher. L’exemple d’Angela Merkel est pour moi plus significatif, car elle a le courage de se démarquer de ce que disent et pensent les membres de son parti et les électeurs qui ont voté pour le CDU. J’ai de l’estime pour elle, même si je suis de gauche. Tout ne me plaît pas, mais elle a eu le courage et avant tout le cœur de recevoir plus d’un million de réfugiés en 2015. Comme scientifique elle savait parfaitement bien qu’on la mettrait – tout au moins dans la frange conservatrice de l’Allemagne – au pilori. Chapeau ! Elle a fait passé l’éthique avant le pragmatisme et a démontré que certaines valeurs ne sont pas négociables. J’espère qu’Hillary Clinton en prendra de la graine. Ce n’est pas en faisant le jeu des piétistes ou des conservateurs qu’elle pourra s’imposer. Il faut qu’elle montre une autre alternative pour les USA. C’est là justement que Bernie Sanders devrait faire un pas dans sa direction. Il a effectivement les moyens d’imposer plus d’empathie en ce qui concerne les plus démunis. Je sais que la candidate a changé de fusil d’épaule et parle aujourd’hui de la famille, des enfants et des personnes âgées. Je ne peux qu’espérer que cela ne soit pas seulement de la dialectique électorale. Il faut absolument mettre un frein à la précarité de couches de plus en grandes de la société américaine. La crise de 2008 a laissé des traces indélébiles qu’il s’agit d’effacer de plus en plus. Ce ne sont pas les coups de gueule de Donald Trump qui feront évoluer les choses.

Madame Clinton a fait l’erreur de se placer trop à l’ombre de Wall Street, d’être en relation trop profonde avec le capital. Pendant les mois prochains, il faudra qu’elle prenne plus de distance par rapport aux milieux financiers, sans pour autant en faire des ennemis. Le système veut que sans leur appoint, il serait difficile de gouverner cette grande puissance. À elle de leur faire comprendre qu’un peu plus de justice sociale, leur serait à long terme plus favorable qu’un capitalisme dur et pur. Un chemin intermédiaire comme celui de l’Allemagne de Madame Merkel et du social-démocrate Sigmar Gabriel, est une solution satisfaisante. Malgré de grandes concessions, comme plus de flexibilité en ce qui concerne l’emploi, il démontre qu’une grande majorité est gagnante. Que ce soient les entreprises qui font de très bonnes affaires ou les salariés. Les chiffres du chômage sont au plus bas depuis des années. Un tel modèle serait bon dans un pays où les disparités menacent de plus en plus de le paralyser. C’est exact, nous sommes à la croisée de chemins. Si notre désire est de combattre le populisme dans toutes ses formes néfastes, les démocrates doivent être vainqueurs au mois de novembre. L’Europe est vacillante et le Brexit risque d’être un coup de poing magistral en cas de victoire. Des élections cruciales pour tout l’Occident.

pm

http://www.liberation.fr/planete/2016/05/19/hillary-clinton-je-serai-la-candidate-de-mon-parti_1453859

Pierre Mathias

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