La grande réunion prévue cette nuit dans les quartiers Nord de Marseille entre le mouvement « Nuit debout ! » et les habitants des cités, a été un échec. C’était à prévoir. La mayonnaise n’a pris entre des jeunes « chics et bon genre » et tous ceux qui vivent la ségrégation sociale depuis des décennies. Ils n’en ont rien à faire de la nouvelle loi de travail de Madame El-Khomri. Cela ne changera rien pour tous ceux qui n’ont pas de travail, qui végètent dans les rues. Cela n’améliorera ni ne détériorera une situation qui frôle la précarité. C’est ce qui me gêne depuis le début des manifestations. On a pas tenu compte de ce qui était le plus important: assurer à tous un minimum vital. Cela ne pourra passer que par le marché du travail. Comment un État dont les caisses sont vides, pourra remédier encore longtemps à ces disparités ? Ce n’est pas possible ! Il n’y a qu’un moyen d’y arriver : c’est remettre le moteur en marche. Il serait plus opportun que les étudiants en économie, en gestion, en finances se mettent à gamberger et essaient de mettre sur le papier de nouveaux modèles de société, qui pourraient donner du punch à l’économie. Il faut produire, donner plus de chances à l’exportation afin de générer de vrais profits. Cela impliquera fatalement aussi une augmentation du pouvoir d’achat. Ce ne sont pas quelques paragraphes, que je trouve aussi parfois restrictifs, qui prendront un poids considérable. Sans boulot, toutes lois sont caduques. Cette réalité est évidente pour tous ceux qui habitent les banlieues. Il faut maintenant agir, non se creuser les méninges pour des problèmes qui pourraient se passer après. Le mouvement « Nuit debout » a dû s’apercevoir qu’il est déconnecté par rapports aux besoins des plus démunis. Il ne fallait pas s’attendre à autre chose dans les banlieues de Marseille. Ce n’est pas les étudiants qui pourront renverser la vapeur. Ils ont dû s’en apercevoir.

Mais je ne veux pas non plus condamner un mouvement protestataire. Je suis un chaud partisan de l’action populaire. Je suis d’avis que tout citoyen porte une responsabilité en ce qui concerne la marche de la nation. Il ne peut pas se cantonner à aller voter. Il doit s’impliquer partout où cela fait mal, ne jamais baisser les bras et surtout pas élire des apprentis-sorciers comme c’est le cas actuellement. Dans ce sens il est bon que les jeunes disent ce qu’ils ont sur le cœur. Mais leur action ne devrait pas se transformer en une boom comme c’est le cas maintenant. Rappelons-nous ce qui s’est passé en 68. Les revendications étaient essentielles pour la rénovation d’un système. Cela n’a malheureusement pas abouti, car les travailleurs ne se sentaient pas concernés. Les étudiants et les intellectuels n’ont pas réussi à les entraîner dans leurs revendications. Le résultat nous le connaissons. Au lieu de s’acharner à continuer à remettre en question la société, bien des agitateurs se sont réfugiés dans la léthargie. Une immigration personnelle avec un arrière-goût de gauche-caviar. Non, c’est aux jeunes des banlieues à se rebeller, mais ils n’en ont plus la force. Ils se trouvent dans une dépression qui les rend de plus en plus passifs. Et si ce n’est pas le cas, ils rejoignent les rangs de l’EI.

pm

http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/04/24/a-marseille-la-nuit-debout-se-heurte-a-la-realite-des-quartiers-nord_4907725_3224.html

Pierre Mathias

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