Le Pape François est toujours bon pour une surprise. Lorsqu’il déclare que la France doit devenir plus laïque, il pense qu’elle doit dépasser les contraintes de la philosophie des lumières, où les religions étaient des sous-cultures. Il s’agit pour lui de redéfinir les rapports entre l’État, qui se doit d’être neutre en ce qui concerne les croyances, et l’exercice du pouvoir politique. Il est tout à fait conscient du rôle néfaste que peuvent jouer les religions lorsqu’elles mêlent l’intemporel à la gestion d’un pays. Lorsqu’on observe ce qui se passe avec l’Islam, on ne peut qu’approuver un tel point de vue. L’Arabie Saoudite est un exemple qui fait frémir. La loi de la charia rend cette forme de gouvernement inhumaine. En se mêlant des affaires publiques, l’Islam se dévalorise. La religion doit toujours être en mesure d’avoir un effet régularisateur. Si elle fait partie intégrante de l’État, elle perd sa légitimité initiale, celle de la critique. Elle devient au contraire complice d’un système humain très éloigné de sa vocation divine. Ce qui est valable ici pour la croyance, doit aussi l’être pour le pouvoir intemporel. François condamne dans son interview la mainmise des idéologies, qui mène à l’absolutisme. Les citoyens devraient avoir la liberté de pouvoir juger ce qui est bon ou non pour eux, sans se soumettre à des dogmes. « Une laïcité saine comprend une ouverture à toutes les formes de transcendance, selon les différentes traditions religieuses et philosophiques. La recherche de la transcendance n’est pas seulement un fait, mais un droit. » dit le Pape.

C’est un appel à la tolérance, aussi envers les minorités musulmanes. Il considère qu’il n’y a pas d’invasion arabe en Europe et que le respect qu’on leur doit, est une évidence. Il va encore un pas plus loin en prétendant que le flux migratoire n’est pas d’hier et que le continent en a profité depuis la nuit des temps. En ne se mêlant pas des aspects strictement spirituels, l’État se démarque par rapport aux idéologies. Il n’a pas à prendre parti, comme bon nombre de populistes sont tentés de le faire. Parler de la sauvegarde de la chrétienté ne peut pas se faire par les armes. L’Évangile, au contraire, montre une ouverture envers tous ceux qui n’y adhèrent pas à ses vues. Si la religion se mêle de politique partisane, elle perd son contenu. Elle doit se situer au-dessus de la mêlée. Cela n’implique pas une stricte neutralité des pensées, au contraire. Elle se doit de prendre position lorsque la dignité humaine est bafouée, comme c’est malheureusement le cas ces derniers temps en ce qui concerne les réfugiés. Elle ne peut que le faire, si elle a une liberté complète de pensée. Je pense que c’est cela que voulait dire le Pape. Elle devrait être garante de l’amour du prochain. Mais si elle était mêlée aux questions pratiques de la politique, elle ne pourrait pas propager ses critiques s’il y avait des abus. Je vois dans ces déclarations une attaque contre l’intolérance d’une extrême-droite figée en Europe, qui essaie de manipuler les chrétiens. Le faisant, elle les éloigne du message du Christ, qui préconise la fraternité, non pas la haine et la violence. En renforçant la laïcité on se ménage des gardes-fous permettant à tous et chacun de se vouer à leur âme.

pm

http://www.lemonde.fr/religions/article/2016/03/02/la-france-doit-devenir-un-etat-plus-laic-estime-le-pape-francois_4875375_1653130.html

Pierre Mathias

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