Martine Aubry fait des siennes ! Elle a adressé une critique acerbe contre François Hollande et son premier ministre Manuel Valls, en traînant dans la boue la politique gouvernementale depuis deux ans. C’est son droit le plus absolu, mais on est en droit de se poser la question si une telle action est parfaitement opportune aujourd’hui ? Tout d’abord il y a la crise économique qui n’est pas maîtrisée, de l’autre le ras-de-marée populiste. Avec ses remarques elle risque de donner à l’opposition des arguments, qui lui donnent le vent en poupe. C’est cela qui à mes yeux est inadmissible ! Je ne suis pas un partisan aveugle d‘ Emmanuel Macron, mais je reconnais la difficulté de sa tâche, celle de promouvoir la relance. Un pari titanesque qui certes bouscule certaines de mes convictions d’homme de gauche. Il est obligé pour y parvenir de revoir certains acquis sociaux et avant tout de réformer, avec l’aide de Myriam el-Khomri, la loi du travail. Ils partent du principe que la lutte contre le chômage a la priorité absolue, qu’avant de revendiquer quoi que ce soit, il faut remettre la machine en route. Je partage ce point-de-vue ! Je crains que Martine Aubry ne se rend pas compte de la situation ambiante. N’a-t-elle rien appris du score régional qui a écarté le PS du Nord ? Croit-elle qu’en jetant du sable aux yeux des travailleurs, elle réussira à les faire rentrer au bercail ? Elle oublie que tous progrès sociaux sont étroitement liés à la relance. Que ceux-ci ne sont pas réalisables sans des revenus substantiels générés par l’industrie. Tout État qui subit des revers concernant les entrées fiscales, ne peut pas jouer au Père Noël. En clair, il n’y a pas d’argent à distribuer. C’est tout le dilemme de la gauche.

J’ai l’impression que Madame Aubry vit encore dans un monde révolu. Qu’elle ne veuille pas s’adapter aux conditions actuelles, est légitime, bien moins de clamer en public son aversion pour les dirigeants actuels. Cela un goût revanchard. N’aurait-il pas été plus adéquat de faire valoir ses idées au sein du parti ? Elle l’a fait probablement, mais sans succès évident. Je pense que tous leaders politiques portent une grande responsabilités, qu’ils doivent constamment jauger les risques que certaines de leurs thèses peuvent provoquer. La maire de Lille, n’a-t-elle pas pris en compte, que grand nombre d’anciens camarades votent aujourd’hui le FN ? Que Marine Le Pen a pris à son compte certaines de ses revendications ? Je n’irai pas jusqu’à prétendre que Martine Aubry s’est laissée tenter par le populisme, mais on en est pas loin. Comme elle, il y a certaines décisions gouvernementales par rapport au marché de l’emploi et du travail qui pourraient m‘ hérisser, mais je dois reconnaître qu’il y a malheureusement pas d’autres alternatives. Il est regrettable que cette politicienne a réagi d’une manière émotionnelle au lieu d’être plus pragmatique. N’a-t-elle pas compris que sa chère loi des 35 heures était plus ou moins dépassée dans le contexte où nous vivons ? Qu’elle soit aigrie est compréhensible, mais ses états d’humeur devraient laisser place à plus de sérénité. Je suis navré de constater qu’elle s’embourbe de plus en plus et qu’elle nuit à la gauche dans son ensemble.

pm

http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/02/24/tribune-de-martine-aubry-michel-sapin-appelle-a-eviter-les-postures-la-droite-ironise_4870891_823448.html

Pierre Mathias

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