Pourquoi les turcs seraient-ils différents des autres ? La nostalgie de la femme ou de l’homme fort a aussi marqué ces élections. Ce virus – car s’en est un – est entrain de gagner toute l’Europe. Les slogans populistes doivent avoir un fort attrait pour tous ceux qui veulent hisser un leader au pouvoir afin de mener à leur place, ce qui serait leur devoir. C’est un abdication par rapport aux libertés individuelles. Cet homme d’État n’a pas hésité de jeter son pays dans une situation frisant la guerre civile, afin d’avoir la majorité absolue au parlement. Il cloue le bec sans aucun scrupule à tous ceux qui s’élèvent contre sa politique. Il est dans le fond de son caractère totalitaire. Une fois de plus la tolérance et le respect mutuel y en sont pour leurs frais. Je ne remets pas en doute le résultat des urnes, mais je m’étonne une fois de plus de l’attitude du peuple. Elle est le moins qu’on puisse dire, décourageante. C’est le signe qu’une majorité d’individus galvaudent ses libertés individuelles. Pourquoi ? Parce qu’il est évident que ces gens ne veulent pas payer le prix que cela implique. Il est plus aisé de déléguer ses responsabilités à des dirigeants que de les prendre et de les assumer. C’est aussi la démonstration que l’intelligence se réduit aujourd’hui comme une peau de chagrin, que nous avons de plus en plus à faire à des moutons. Et si en fin de compte cela pouvait tourner à l’aigre, plus personne n’est là pour en assumer la responsabilité. Sans aucun doute la Turquie va suivre le même chemin que la Hongrie de Viktor Orbán, celle de la répression des minorités.

C’est presque un miracle que les Kurdes ont tout de même réussi a passer le cap des 10%. Ils sont représentés au parlement. Pour que cela soit clair et que je sois pas accusé d’être aveugle, je condamne toutes formes de terrorisme, aussi celui du PKK. Je ne vais pas cautionner leurs attentats pour la seule raison que je ne suis pas ravi de la victoire de Recep Tayyip Erdogan. Son parti a récolté 49,3 % des voix. Le peuple semble avoir choisi la voix de la commodité en ce qui concerne le problème kurde. Il serait pourtant impératif que des négociations puissent avoir lieu. Ce n’est pas par la répression qu’il sera possible de faire la paix. La Turquie, comme les autres pays de la région, en a un cruel besoin. Le vote de dimanche risque d’embraser encore un peu plus le Proche et Moyen-Orient. Une puissance à vocation hégémonique ne peut qu’attiser l’atmosphère qui est déjà bien empoisonnée. Au lieu de montrer se muscles, il serait bon de mettre la diplomatie au premier plan et ceci afin de calmer les esprits. Nous n’en sommes pas là ! Le ton monte aussi en Europe, où les populistes, à coups de gueule, essaient de gagner du terrain. Malheureusement avec le succès qu’on connaît. Le niveau intellectuel est mis en veilleuse par ses dirigeants, car il pourrait appeler à la réflexion les citoyens. Un phénomène que nous connaissons aussi en France. Le résultat du scrutin en Turquie sera de l’eau sur le moulin de tous ceux qui se réclament de la doctrine de l’État fort et omniprésent. Que l’on se le dise, nous sommes entrain de galvauder les acquis de la Révolution. À quand un Erdogan à l’Élysée ? Nous n’en sommes pas loin !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/11/02/turquie-m-erdogan-retrouve-sa-majorite-absolue-au-parlement_4801062_3214.html

Pierre Mathias

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