Plus de 10.000 réfugiés entrent en Allemagne chaque jour. De plus en plus de citoyens commencent à être angoissés. Ils reprochent à Madame Merkel d’avoir provoqué ce raz-de-marée. Son taux de popularité est au plus bas depuis des années. Une raison pour la CSU bavaroise de se lancer dans la polémique contre elle. Comme je l’ai écrit dernièrement, les rapports entre les deux partis-frères ne sont pas au beau fixe, au contraire. En attisant la polémique, Horst Seehofer espère gagner du terrain. Il en a besoin car au mois de novembre aura lieu le congrès de sa formation. Mille adhérents de la base doivent le réélire. S’il n’obtenait pas le même résultat que la dernière fois – près de 95% – cela serait considéré comme un revers qui provoquerait une dérive à droite de l’échiquier électoral allemand. Il est regrettable que les coups de gueule néonazis, souillant l’honneur des migrants, soient de plus en plus d’actualité sans parler des mise-à-feu des lieux d’accueil. En face de tout cela une police plus ou moins passive. Très peu d’attentats ont été élucidés. Des citoyens, qui placent souvent l’honnêteté et la correction au premier plan des vertus germaniques, semblent approuver en secret de tels méfaits. Ils en rendent responsable le gouvernement, qu’ils considèrent de plus en plus comme étant félon. Dans un tel contexte il est urgent d’inverser la vapeur.

Cette nuit a eu lieu une rencontre entre la Chancelière et le chef des chrétiens-sociaux. Ce matin viendra s’adjoindre à eux Sigmar Gabriel, le leader du SPD. Les trois membres de la grande coalition seront obligés de se mettre d’accord, sinon il y aura une crise gouvernementale. Ce n’est évidemment de l’intérêt de personne d’attiser le feu, car ce dernier provoquerait une recrudescence du néonazisme. Cela ne s’exprimerait pas forcément lors des scrutins, mais l’atmosphère dans les Länders serait empoisonnée. Le mouvement Pegida prendrait de l’ampleur. Que faire ? Angela Merkel ne fera pas marche-arrière en ce qui concerne l’aspect éthique. Mais elle sera obligée de mettre en place des garde-fous, qui pourraient être assez restrictifs, comme l’implantation de camps de transit aux frontières, ayant pour but de faire une sélection et de renvoyer sur le champ tous ceux qui ne remplissent pas les conditions nécessaires. Cela impliquerait des contrôles frontaliers et des barrières, qui seraient un terrible pas en arrière par rapports à l’Europe de Schengen. Il est de ce fait évident que les Sociaux-démocrates refusent une telle solution, qui a un relent du passé. Ils proposent en contre-partie, de créer partout sur le territoire des zones d’accueil qui auraient la même fonction. La seule différence est l’implantation géographique. Peut-être aurons-nous en fin de matinée plus de détails à ce sujet. Ce qui pourrait être considéré comme un détail, à une signification historique en Allemagne. Toutes mesures restrictives concernant les ethnies est un retour historique au temps où la ségrégation et l’intolérance étaient de mise dans le Reich. Parler de camps, met mal à l’aise tous ceux qui refusent l’extrême-droite. Peut-être de la dialectique, mais par les temps qui courent, il faut se démarquer de ce vocabulaire, qui prend malheureusement de plus en plus d’actualité.

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/11/01/accueil-des-refugies-merkel-negocie-avec-ses-partenaires-conservateurs_4800911_3214.html

Pierre Mathias

Schreibe einen Kommentar

Deine E-Mail-Adresse wird nicht veröffentlicht. Erforderliche Felder sind mit * markiert