En cette fin de semaine la grande coalition en Allemagne est remise en question. S’il n’y a pas d’accord tripartite entre Angela Merkel, Horst Seehofer et Sigmar Gabriel, une crise gouvernementale pourrait avoir lieu. Les leaders de la CDU, CSU et du SPD se rencontreront pour trouver des solutions en ce qui concerne la question migratoire. Des désaccords ont en particulier lieu au sein du camp chrétien-démocrate. Nombre de députés veulent voir un ralentissement drastique du flux des réfugiés. Ils sentent la poussée de l’extrême-droite et craignent être dépassés. L’ambiance générale est effectivement en train de capoter, parce ce que la gestion de ce phénomène de masse laisse terriblement à désirer. Les places d’hébergements ne suffisent plus à loger d’une manière décente les personnes concernées. Les procédures sélectives sont lourdes et bureaucratiques. Bon nombre de demandeurs d’asile usurpent l’hospitalité qu’on leur offre et trouvent tout à fait naturel qu’on leur garantisse le logis, de quoi se nourrir et en fin de compte un travail. Je sais que les brebis galeuses ne constituent qu’une infime minorité, mais elles empoisonnent l’ambiance générale. N’allez pas croire que j’ai rejoint les rangs du Pegida – dès la première heure j’ai soutenu haut et fort l’initiative de la Chancelière d’ouvrir les frontières à tous ceux qui sont directement menacés – mais il ne peut pas être question de recevoir des migrants venant de pays relativement sûrs. Qu’ils le veuillent ou non, ils doivent être renvoyés. Cela me fait personnellement mal d’écrire cela, mais la République Fédérale ne peut pas recevoir tous les malheureux de la planète.

Depuis cette nuit les autorités allemandes ont réduit à cinq, les points de passage à la frontière autrichienne. Le but est d’ordonner toutes les procédures et d’éviter que des familles entières passent la nuit à la belle-étoile. Une situation particulièrement indigne au sein de l’Europe. Mais il devrait aussi avoir des mesures d’enregistrement afin de constater si les demandes équivalent aux lois en cours. Les Chrétiens-sociaux de Bavière envoient des boulets incandescents sur la Chancelière, prétendant qu’elle agit d’une manière plus ou moins légale et menace de quitter le gouvernement si rien ne change. Le ton est plutôt violent et attise de plus en plus la discorde. Au lieu de chercher des issues, ce parti situé à la droite de la CDU fait de la polémique et ne se gêne aucunement de pratiquer le populisme. Ils se déclarent solidaire avec Viktor Órban, le premier-ministre hongrois, qui est un raciste notoire. Eux aussi veulent « sauver les racines chrétiennes de l’Occident ». Ils espèrent ainsi faire revenir au bercail les « braves citoyens » qui cassent du sucre sur les demandeurs d’asile, les traitant de voleurs et de violeurs. Non, il ne faut pas fermer les yeux, la situation menace de se dégénérer si des solutions acceptables, tout aussi bien pour les migrants que pour les citoyens allemands, ne sont pas trouvées rapidement. Elles impliqueraient un durcissement des règles d’accueil et d’intégration. Cela sera dur à avaler pour tous ceux, qui comme moi, place l’humanitaire tout en haut de l’échelle des valeurs, mais je ne vois pas d’autres solutions si nous ne voulons pas nous enliser dans le fascisme.

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/10/31/migrants-l-allemagne-restreint-les-acces-a-sa-frontiere-avec-l-autriche_4800496_3214.html

Pierre Mathias

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