Hilary Clinton a le vent en poupe malgré les reproches qu’on lui fait au sujet des courriels, qu’elle a laissés suivre sur son ordinateur personnel lorsqu’elle était ministre des affaires étrangères. Joe Biden, le vice-président a déclaré hier soir qu’il ne se présenterait pas aux élections. Le concurrent le plus sérieux s’est ainsi éclipsé, ce qui pour la candidate est d’un côté avantageux, de l’autre une tare. Il est toujours bon qu’il y ait un challenge dans un tel cas. C’est une occasion d’affiner ses arguments, de se battre pour ses idées. Lorsqu’il n’y a plus de contraintes, il y danger que le débat s’enlise, ce qui du point de vue démocratique n’est pas souhaitable. Et ceci dans un pays où le discours politique n’est pas d’une très grande portée politique, où la polémique est prioritaire par rapport aux arguments nécessaires pour gouverner cette grande nation. Pour l’instant Hilary Clinton maintient à elle seule un certain niveau. Jeb Bush, qui pourrait éventuellement lui tenir tête, est profondément ébranlé par le populisme qui règne chez les Républicains, où les candidats s’assènent des coups-bas en proférant des propos indignes de l’enjeu d’une présidentielle. Le fait qu’un Donald Trump se trouve à la tête des sondages a de quoi inquiéter. Même si ses propos sont d’une platitude déconcertante, ils projettent bien l’ambiance qui règne ici. Celle d’un peuple qui cherche ses repaires chez des personnages peu sérieux. La preuve que le populisme sévit aussi outre-atlantique.

Ce sera le rôle de Madame Clinton de donner à la campagne une certaine dignité. C’est à elle de prouver qu’elle possède les atouts nécessaires pour mener la barque. L‘ Amérique n’est pas une république bananière où les dirigeants sont souvent des épouvantails. Mais ceci ne porte dans ce cas-là pas à conséquence dans le contexte international. Il en est autrement à Washington, où toutes décisions peut déclencher un séisme au niveau mondial. Il est indispensable que le locataire de la Maison Blanche ait le bagage nécessaire pour gouverner. On peut déplorer que l’âge de la candidate soit trop élevé, mais on peut espérer que l’expérience puisse compenser cela. Il serait bon qu’une femme prenne enfin les rennes afin d’assurer une parité et pour combattre d’une manière efficace le machisme. Sauf incident de parcours, il est à prévoir qu’elle gagnera les élections. Mais qui sait, cela sera dépendant des événements mondiaux, où le défi islamiste sera de plus en dure à combattre. Ce n’est pas coups de gueule qu’il sera possible de vaincre l’EI. Il faudra montrer beaucoup de doigté. La politique est un jeu d’échec, où tous les acteurs doivent être en mesure d’anticiper. Pour y arriver il faut qu’ils aient des compétences intellectuelles hors-norme. Autrement tout pourrait partir à la dérive. Allez expliquer cela à des citoyens avant tout avides de sensations. Les arguments coups-de-massue font partir de cette panoplie et escamotent la réalité. J’ose espérer qu’Hilary Clinton saura déjouer le rôle pervers de la simplification, l’arme favorite des populistes. Qu’elle ne se laissera pas entraîner dans un débat vide de sens, qui peut nous mettre tous en danger. Il faut redonner aux affaires d’état leur dignité. Ce sera à elle de le faire.

pm

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/10/21/hillary-clinton-sommee-de-s-expliquer-sur-ses-courriels_4793793_3222.html

Pierre Mathias

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