La vague presque étouffante des réfugiés venant des Balkans m’a fait presque oublier qu’il y aura des élections demain en Grèce. D’après les sondages les conservateurs et le Syriza se trouveraient presque à égalité. Il y a quelques semaines personne aurait pu faire de tels pronostiques étant donné que la popularité d’Alexis Tsipras était à l’apogée. Et ceci malgré sa valse-hésitation. Son rival, Vangelis Meïmarakis a gagné énormément de terrain, peut-être parce qu’il représente le pragmatisme, non l’utopie comme la gauche radicale voulait l’exprimer. Il n’y a rien de pire que de reconnaître que ses idéaux ne sont pas réalisables. C’est ce qui s’est passé pour l’ancien premier-ministre. Alexis Tsipras a perdu l’aura du magicien, qui déclara pouvoir sortir la Grèce du marasme où elle se trouve sans que personne n’ait à faire de sacrifices. Non à l’austérité ! C’est le contraire qui se passe aujourd’hui. Il a dû se soumettre à la dure réalité des créanciers. Les réformes entamées ont été dictées par « les sages » de Bruxelles et de Berlin. Ce qui s’est passé était une tragédie pour un pays qu’on considère encore aujourd’hui comme étant le berceau de la démocratie. Les belles paroles ne suffisent plus pour enrober le peuple dans du sucre. Il a été mis devant des faits accomplis. Le référendum a été, vu d’aujourd’hui, le dernier rebond. Après le pays a vécu sa Bérésina. Il a dû avaler un grand nombre de couleuvres. Il a été mis à genoux et dans un tel cas il faut trouver un responsable : c’est Tsipras qu’on le veuille ou non. Il ne sert à rien de dire qu’il porte qu’une responsabilité restreinte pour ce qui s’est passé.

La corruption des partis traditionnels, dont celui de Vangelis Meïmarakis, qui a été aussi un des fossoyeurs de la Grèce, ne semble plus toucher les masses. S’il gagnait les élections, se serait un retour en arrière dans un passé glauque. Mais élire le Syriza ne serait guère mieux. Que faire dans une telle situation ? Certains donneront leurs voix aux extrémistes, ce que je trouve néfaste. Ne pas aller aux urnes n’est pas non plus une solution. Une chose est claire : les décisions ne se prendront pas à Athènes. Que l’on se le dise ou non, le pays est devenu un protectorat. Le gouvernement futur, qu’elle que soit sa couleur, n’aura guère d’autonomie. Lorsque Alexis Tsipars tente de nous faire croire que sa politique peut être un fanal pour l’Europe de demain, il emploie la méthode Coué. La réalité est une autre : elle a lamentablement échouée. Aussi dure que cette déclaration puisse être, elle reflète les faits. Non, l’Europe n’a pas besoin qu’on continue à lui jeter de la poudre aux yeux. L’UE est en pleine crise existentielle et n’a pas besoin d’apprentis-sorciers. Mais non plus la grisaille du passé ! La leçon à tirer des événements qui se sont déroulés depuis le début de l’année, que ce soit en Grèce ou en ce qui concerne les réfugiés politiques, c’est que nous avons besoin d’ordre, que nous devons nous soumettre à la raison, non au rêve. Une chose est certaine, la réalité nous rattrape toujours et elle a souvent aucun attrait. Le drame d’Alexis Tsipras, c’est qu’il n’est pas en mesure de pouvoir réaliser ses visions, celles d’une société plus juste. Lui, l’homme de gauche, n’a pas été en mesure de pénaliser les millionnaires qui ont parqué leurs sous en Suisse ou ailleurs. Pour moi un fait essentiel de ne pas lui accorder ma confiance. Ce n’est pas la Gauche comme je me l’imagine !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/09/18/tsipras-veut-une-victoire-de-syriza-porteuse-d-un-message-pour-la-gauche-radicale-en-europe_4763137_3214.html

Pierre Mathias

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