Le pape est arrivé à la Havane où il célébrera une messe aujourd’hui. Il a été accueilli par Raoul Castro avec lequel il s’est entretenu. C’est le troisième souverain pontife en 17 ans à s’être rendu sur l’île. La preuve qu’il poursuit une action politique qui consiste à ramener ce pays dans le giron des nations démocratiques. Avec la reconnaissance des USA et l’échange d’ambassadeurs, un pas essentiel a été fait. Mais l’embargo n’a pas été encore complètement levé. Washington l’envisage, ce qui serait un bienfait pour le peuple cubain qui vit depuis près de 50 ans dans des conditions des plus précaires. Avec la chute du régime soviétique, la précarité s’est installée encore plus sous le soleil éclatant des Caraïbes. Mais ce n’est pas mon propos. Je veux parler avant tout du pape François qui est à mes yeux, dans les temps qui courent, un des seuls rayons d’espoir. Avec ses opinions sociales et écologiques, il diffère diamétralement de ses prédécesseurs. Il n’évoque pas des thèses du bout de ses lèvres, ne se perd pas dans des méandres diplomatiques, au contraire. Il dit clairement son avis. Les droits de l’homme et la sauvegarde de la dignité humaine sont pour lui incontournables. Il condamne tout aussi bien le totalitarisme que le capitalisme, qu’il accuse de mépriser l’individu. La liberté d’expression doit inciter au dialogue, pas à la violence comme c’est encore le cas dans bien des régimes. Une remarque à peine voilée adressée au président Castro, de l’aéroport où le pape venait d’atterrir.

Comme chantre de la démocratie, le pape François ne peut pas ignorer, que l’Église qu’il dirige, est dans sa structure une autocratie. S’il veut être encore plus convaincant, il devra entamer de profondes réformes dans ce système rigide représenté par la Curie. Un acte titanesque. Comment bousculer une structure millénaire, où le souverain pontife est considéré comme étant infaillible ? Je suis le premier à aimer cet homme, qui ne recule devant aucun obstacle, mais j’émets des doutes qu’il soit en mesure de nettoyer l’écurie d’Augias. Il sait parfaitement que ses opinions, qui sont pour la plupart les miennes, se trouvent en porte-à-faux par rapport à ce que représente le Vatican. Comment exiger de la tolérance en étant ancré dans un dirigisme de mauvais aloi ? On ne peut que convaincre que si on recherche l’exemplarité. Elle s’applique en premier lieu à soi-même. Je ne pense pas que le pape puisse réussir à rénover les hiérarchies. D’autres s’y sont cassés les dents. Il a bien évoqué que la soif de pouvoir perverti les esprits. Mais allez ôter des acquis à une classe qui ne fonctionne que dans une certaine dictature. Ne mâchons pas nos mots, l’Église n’est pas démocratique ! Lorsqu’il critique le totalitarisme, il me convint personnellement, mais en aucune façon en voulant inclure le catholicisme dans ce mouvement de pensée. Je pense que ce déséquilibre est la cause de la défection de plus en plus de croyants. Tant que le message n’est pas clair, le malaise ne pourra pas s’estomper. Le pape ne peut qu’adresser ses critiques à titre individuel, non pas au nom du Vatican, ce qui est plus que regrettable. C’est dans des temps agités qu’une instance morale serait de première nécessité. Elle ne peut que l’être, tant qu’elle n’a rien à se reprocher. Ce n’est malheureusement pas le cas !

pm

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/09/19/le-pape-francois-en-visite-d-espoir-a-cuba_4763566_3222.html

Pierre Mathias

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