Manuel Valls a commandé une étude à l’ancien directeur du travail (DGT), le conseiller d’État Jean-Denis Combrexelle, afin de rénover complètement la loi du travail. Il est question de donner plus de marge au patronat et aux syndicats. À eux de renégocier toutes les dispositions concernant « la marche des affaires » ! C’est ce qui se passe depuis des années en Allemagne, où les accords entre employeurs et employés ont la priorité. Ils sont différents d’une entreprise à l’autre et se basent sur la situation réelle de chaque maison. La seule contrainte est aujourd’hui le salaire minimum de 8,50 €. Ce système implique un syndicat puissant, ayant assez d’influence partout où il est actif. Dès l’après-guerre, l’essor économique a impliqué la participation décisionnelle des partenaires sociaux, une profonde coopération au niveau des conseils de surveillance, qui tracent les stratégies commerciales. Ils sont composés à 51% d’actionnaires et d’employeurs, à 49% de syndiqués et de conseillers d’entreprises. Les options économiques, la logistique et la politique du personnel se décident au sein de ce conseil. Aucune décision ne peut être prise d’une manière unilatérale ce qui est une des causes du miracle allemand. Toutes les décisions fondamentales ont été prises en commun. Ce système force le consensus, ce qui est une question de mentalité.

La loi des francs-tireurs est de ce fait rejetée par une grande partie de la population. Mais depuis un certain temps il y a une évolution. Que ce soit aux chemins de fer, à la Lufthansa ou dans le domaine de la santé, de petits syndicats ont vu le jour et n’hésitent pas à faire grève. C’est le cas aujourd’hui chez les pilotes et ceci pour la 13ème fois. Le gouvernement veut mettre un frein à cette évolution en exigeant que seule l’organisation ouvrière la plus puissante au sein d’une entreprise soit prise en considération. Et si il y en a plusieurs, à elles de s’entendre préalablement. On veut éviter ainsi une atomisation d’une structure qui jusqu’à maintenant fonctionnait assez bien. Il est évident qu’en France toutes réformes des lois du travail ne pourront pas réussir sans un concentration organique des syndicats. Il ne fait aucun doute que cela restreint la marge de manœuvre des petites organisations. Sur le papier il serait tout à fait logique de tout remettre à plat, mais sans tenir compte des sensibilités nous courrons à l’échec. Du côté des patrons je me permets de douter qu’ils soient prêts à lâcher du lest, la mentalité des maîtres des forges étant encore omniprésente. Au point de vue économique de telles réformes seraient urgentes, mais il faut compter avec tous ceux qui sont directement concernés. Cela va des salaires, des acquis sociaux jusqu’au sacro-saint temps du travail. Il serait opportun d’adapter toutes ses dispositions en tenant compte de la situation économique de l’entreprise. Je pense que politiquement cela donnera pas mal de remous. Le gouvernement, quel qu’il soit, devra y laisser des plumes. Cela contredit diamétralement l’esprit jacobin. Tant que personne n’est prêt à faire un pas en avant et perdre ainsi quelques prérogatives, rien ne se fera ! Dans ce domaine la France est très conservatrice, ce qui lui cause bien des ennuis. Vouloir appliquer le système allemand est de ce fait une utopie. Il faut tout d’abord changer les mentalités et cela me paraît utopique.

pm

http://www.lemonde.fr/emploi/article/2015/09/08/le-rapport-qui-revolutionne-le-droit-du-travail_4749445_1698637.html

Pierre Mathias

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