Recep Tayyip Erdogan n’y va pas par quatre chemins. En acceptant avec certaines réticences de combattre l’IS, il fait d’une pierre deux coups. Il en profite pour attaquer les bases secrètes du PKK dans le Nord de l’Irak et ceci au détriment des forces de l’OTAN qui soutiennent sur le terrain les combattants kurdes. Quelle gabegie ! Une situation insupportable qui a été provoquée par les déboires électoraux du roi. Ce dernier aimerait qu’il y ait à de nouveau des élections ayant pour thème la cohésion nationale. Ce n’est qu’en montrant du doigt un ennemi commun qu’il y arrivera. Erdogan prétend que le pays tout entier est en danger, ce qui l’a obligé à employer les grands moyens et de rompre les négociations de paix. Il est vrai que le PKK n’est pas tout à fait innocent. Il y a eu à nouveau des attentats à l’Est de l’Anatolie. Des soldats et des policiers ont été tués. Mais tout ceci ne justifiait en aucune façon cette déclaration de guerre.

Comme tous les autocrates, le président ne pense qu’à sa gloire. Rien de plus, rien de moins. Il s’en fiche complètement ce que les autres pourraient penser et met ses alliés devant un fait accompli. Je ne peux que condamner une telle attitude et je pense que l’Alliance atlantique devrait mettre les points sur les i, en premier lieu les États-Unis. Qu’on le veuille ou non, il nous force de le soutenir, sachant bien que sans lui tous progrès dans la lutte contre l’IS seraient caduques. Des combattants qu’il a soutenu au cours de ces dernières années en rendant perméable la frontière entre son pays et la Syrie. Les blessés étaient jusqu’à peu soignés dans des hôpitaux turcs. Une raison d’émettre des doutes envers Recep Tayyip Erdogan, que je pourrais taxé de peu sûr. Peut-être bien qu’il voulait utiliser le fondamentalisme pour arriver à ses fins : l’instauration d’une instance de gouvernance pour tout le Proche-Orient dépendant de lui. De l’hégémonie à plein tube ! Et ceci avec notre soutien ! Cela ne résoudrait en aucune manière les conflits que nous connaissons, au contraire. Nous n’en avons rien à faire d’une nouvelle copie de l’empire ottoman. Je ne peux qu’espérer que le peuple turc soit assez lucide pour comprendre ce qui se passe actuellement, qu’il ne se laisse pas entraîner par la peur dans des actions irréversibles. Dans un tel contexte il doit sentir que les pays européens ne soutiennent pas Erdogan dans ses attaques aériennes contre les Kurdes, qu’ils appellent de tous leurs vœux un retour à la table de négociations. Je crains qu’il soit trop tard et qu’une fois de plus nous soyons les victimes de notre valse-hésitation. Un personnage comme Erdogan ne comprend qu’un langage intransigeant, pas celui de la diplomatie. C’est la raison pour laquelle il faudrait être aussi dur que contre la Russie de Poutine, d’imposer des sanctions, s’il ne revient pas à la raison. Nous ne pouvons pas rester neutre ! Il faut agir au plus vite et ceci d’une manière déterminée. Il serait souhaitable que le Président soit contrecarré dans son propre pays. Je sais que beaucoup de turcs n’approuvent pas sa manière de faire, qu’ils craignent avec raison l’instauration d’une dictature. Il serait bon qu’il lui démontre qu’il y des limites qu’il ne s’agit pas de dépasser. Et ceci dans un esprit démocratique. Mais cela suffira-t-il ? Erdogan est-il prêt à se soumettre à de telles règles ? Je ne le pense pas !

pm

http://www.liberation.fr/monde/2015/07/28/pkk-et-etat-islamique-les-deux-fronts-d-ankara_1355112

Pierre Mathias

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