Cette nuit le parlement grec a voté par 230 voix sur 298 la seconde tranche des mesures imposées par Bruxelles pour l’adoption d’une réforme de la justice civile et la transposition d’une directive européenne sur les banques. Je n’ai pas été toujours tendre envers Alexis Tsipras, mais je dois reconnaître que les efforts qu’il fait sont remarquables dans le contexte où il se trouve. Il a été forcé de changer de 180° toute sa politique et de faire avaler ainsi à son pays une potion amère. Le prix : son parti, le Syriza, est plus divisé que jamais. Le premier ministre ne peut imposer ces économies draconiennes qu’avec l’aide de l’opposition. C’est maintenant que je comprends la raison du référendum. C’était un coup de gueule envers les créanciers qui réclamaient de plus en plus d’efforts de la part d’un pays mutilé. Sans lui Alexis Tsipras n’aurait pas pu entamer son revirement. Il s’est rendu à l’évidence qu’il n’avait pas d“autre choix que de se soumettre aux directives imposées par Bruxelles et le FMI. Dans une autre situation son action aurait provoqué une levée de boucliers au parlement. Il aurait dû probablement démissionner, mais ce n’est pas le cas, au contraire. Il a marqué des points auprès des citoyens, ce que je trouve tout à fait étonnant.

Je pense que les événements des prochains jours entreront dans les annales de l’histoire. Sauf revers, le Premier a de grandes chances de devenir un dirigeant charismatique se mettant entièrement au service de son pays et ceci au détriment d’une politique partisane comme l’a connu la Grèce jusqu’à présent. Il est en train de transformer de fonds en comble sa patrie, ce qui est un gage pour l’avenir. Renforcé personnellement il pourra exiger des grandes fortunes et de l’Église orthodoxe qu’elles participent enfin à l’effort national en payant des impôts comme tous ceux qui ne jouissent pas de tels revenus.Les intérêts personnels devraient être mis au second plan. Il serait indispensable que les sommes dues soient enfin récupérées. Pour que cela soit possible, il faut que la communauté internationale apporte son aide, que la Suisse fasse pression ! Notre devoir est aussi de mettre en route le plus rapidement possible la relance économique de la Grèce. Je souhaite que l’UE n’y aille pas de main-morte et que les mesures envisagées soient mises en route le plus rapidement possible. Si le peuple remarque que la cure qu’on lui impose est un gage d’avenir, je pense que ce sauvetage pourrait être bénéfique pour l’Europe toute entière. Dans les négociations entre la zone euro, le FMI et le gouvernement grec, les réformes entamées devraient être mises à l’actif d’Alexis Tsipras. L’atmosphère devrait s’améliorer permettant ainsi de prendre des décisions adéquates pour toutes les parties présentes. Il serait souhaitable que Wolfgang Schäuble modère ses propos, que l’Allemagne ne montre pas trop de triomphalisme. La diplomatie doit reprendre ses droits afin de colmater le mal qui a été fait de part et d’autre. Nous devons apporter la preuve que l’Europe est une communauté solidaire. Si l’opération grecque portait ses fruits, ce serait un succès considérable pour la construction politique et économique du continent tout entier. Apporter enfin la preuve que l’UE n’est pas seulement une question de gros sous, comme certains voudraient le faire croire.

pm

http://www.lemonde.fr/crise-de-l-euro/article/2015/07/22/grece-les-opposants-manifestent-avant-un-nouveau-vote-au-parlement_4694391_1656955.html

Pierre Mathias

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