32 personnes ont été tuées ce lundi lors d’un attentat-suicide à El, une centaine d’autres ont été blessées au centre culturel kurde de Suruç, près de la frontière entre la Turquie et la Syrie. Le président Recep Tayyip Erdogan a été obligé de changer sa politique vis-à-vis de l’EI, qui jusque là a été marquée de complaisance. Dans un premier pas il a autorisé l’aviation américaine a utiliser ses bases en Turquie pour opérer ses frappes aériennes en Syrie et en Irak. Cette nouvelle attitude du gouvernement pourrait changer la donne dans cette partie de l’Orient. Il est aussi question de fermer hermétiquement la frontière, rendant ainsi impossible le passage des fous de Dieu venant d’Europe ou d’ailleurs. Mais c’est aussi un pas de plus dans l’escalade de ce conflit qui pourrait avoir comme conséquence une recrudescence des attentats en Turquie. Il y existe une minorité de sympathisants qui soutiennent l’EI. Cela pourrait provoquer des tensions intérieures et cela poserait des problèmes au tenant de l’Islam qu’est Erdogan. Mais aussi au sein de la communauté turque en Allemagne ou en France. Le Salafisme regroupe de plus en plus d’adhérents et comme on le sait, c’est dans ce milieu que l’EI recrute « ses soldats ». Cela obligera aussi les nations occidentales à faire plus d’efforts. Ne nous faisons pas d’illusions, nous nous trouvons en pleine guerre. Une guerre de religion ? Je refuse d’employer cette dénomination car elle ne correspond pas à ce qui se passe actuellement. L’EI ne suit qu’un but : le pouvoir. L’argent joue un rôle essentiel ; l’Islam est dévoyé pour donner une légitimité aux horreurs commises.

Si cette situation perdure, il est à craindre que les tensions inter-communautaires s’accentuent de plus en plus. Rendre responsable des croyants pacifistes est l’arme dont se servent les populistes. Lorsque les Hongrois érigent une barrière entre leur pays et la Serbie, il est question de sauvegarder la chrétienté. La peur que des réfugiés politiques musulmans « puissent contaminer » leur nation attise le racisme. Une telle attitude est de l’eau sur le moulin des stratèges de l’EI. Ils appellent de leurs vœux de tels excès d’exclusion espérant ainsi attiser les tensions. Si la Turquie rejoignait la coalition des nations combattant l’Islamisme, ce serait un atout, mais pour l’instant j’attends de voir. Tant que ce pays a des visées hégémoniques, il est à craindre que ce pas soit une mesure tactique momentanée. Mais une chose est claire. Si ce pays tombait dans le giron des fondamentalismes, ce serait une catastrophe. C’est la raison pour laquelle il faut l’ancrer encore plus dans l’OTAN. L’association avec l’UE va aussi dans ce sens. Une adhérence à part entière n’est pas souhaitable dans le contexte actuel, car personne ne sait exactement ce qui se cache derrière la politique du Président. La prise de position en ce qui concerne l’EI est un premier pas dans la bonne direction. Mais à ce stade il faut essayer d’analyser ce qui a pu motiver les terroristes à s’en prendre à la Turquie ? Ont-ils espoir que cette nation s’effondre comme un château de cartes et se soumette au fondamentalisme. Ils jouent gros car rien n’est moins sûr qu’ils puissent gagner, d’autant plus que les bases démocratiques édictées par Mustafa Kemal Atatürk n’ont pas été éradiquées. Peut-être c’est ce que voudraient les Islamistes turques.

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/07/23/la-turquie-aurait-autorise-des-avions-americains-a-frapper-l-etat-islamique-de-l-une-de-ses-bases_4696042_3214.html

Pierre Mathias

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