Acheter ses denrées alimentaires à la ferme n’a pas seulement un certain charme, c’est pour le consommateur un regain d’informations en ce qui concerne la qualité de la nourriture qu’il achète. Le contact direct avec le producteur pour tout ce qui touche à la viande, la volaille et les œufs, avec l’agriculteur pour les fruits et légumes, peut être un gage de sécurité. Ces derniers n’ont pas intérêt à pratiquer des méthodes intensives qui seraient rejetées par les clients qui réclament plus de respect de la nature. La vente directe a l’avantage d’être plus transparente. Derrière les produits proposés se trouve une personne en chaire et en os, un interlocuteur qu’on peut rendre responsable. Une personne bien définie qui s’assimile à l’offre et qui en porte une responsabilité entière. La vente directe a l’avantage de personnaliser nos aliments. Mais ne nous faisons pas d’illusions, cette façon de faire ne peut qu’être limitée. Pour nourrir la population, la grande distribution est une nécessité. Tous ceux qui produisent sont soumis à un dumping des prix, ce qui rend leur situation très précaire. C’est la raison pour laquelle beaucoup d’entre-eux préconisent la vente direct. Ce qui à première vue semble être un bénéfice sur toute la ligne, ne l’est pas obligatoirement. Les personnes concernées sont obligées d’investir. Créer un magasin avec tout son équipement coûte de l’argent. Des chambres froides aux comptoirs en passant par le décor rupestre, tout doit être créé. Et il faut du personnel. Cela ne peut pas être un job annexe, au contraire. Lorsqu’on déduit tout cela on se trouve à peine au-dessus des prix offerts par les grandes chaînes.

Pour lutter contre la concurrence, bien des paysans ont dû élargir leur offre, ce qui donne du travail supplémentaire. Et au niveau des prix, ils sont obligés de se conformer plus ou moins aux cours pratiqués généralement. Les familles concernées, qui s’investissent déjà bien plus que la moyenne de la population, se voient obligées de faire encore plus d’heures supplémentaires. Pour la plupart elles ne sont pas rémunérées car elles provoqueraient une explosion des prix. Cela aurait pour conséquence de dégoûter tous ceux qui sont prêts à faire des kilomètres de voiture pour acheter bio. En général ce cercle de clients n’a pas d’objections de payer un peu plus, mais cela ne comble aucunement les frais supplémentaires occasionnés par la vente directe. C’est la raison pour laquelle je la considère plutôt comme un atout idéaliste, non pécuniaire. Lorsque des producteurs et des agriculteurs proposent leurs produits au marché, ils font de même mais à la seule différence qu’ils font le déplacement. J’en connais qui viennent de très loin et qui sont sur les routes une partie de la nuit. Ou veux-je en venir ? Ces gens ont une qualité de vie qui frise l’exploitation humaine. Ils ont des semaines de 60 heures et plus et ceci pour des revenus de misère. Une femme de ménage gagne plus qu’eux. Et puis il y a leur formation qui est de plus en plus pointue. Ils pratiquent ces métiers, car pour eux c’est bien plus que de l’argent. C’est une option de vie. Mais est-ce une raison d’en profiter ? Non, trois fois non ! Il serait temps de leur redonner la dignité qu’ils méritent. Les traiter de manants est une honte ! Sans aucun doute leurs revenus doivent être augmentés. C’est la moindre chose que nous pouvons faire ! Eux aussi ont le droit de vivre décemment.

pm

http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/07/24/crise-de-l-elevage-la-vente-directe-est-elle-un-choix-payant_4697492_3234.html

Pierre Mathias

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