Il y a rien de pire en politique qu’une crise de confiance. Elle paralyse tout. C’est ce qui se passe ce matin à Bruxelles. Le voyage en montagne russe que nous a fait subir Alexis Tzipras, a créé un état de suspicion qui rend tout accord aléatoire. Revenir tout simplement à la case de départ est dans une telle situation utopique, sinon impossible. Et pourtant il faudrait garder la tête froide. Il n’en va pas simplement de l’avenir des grecs, mais aussi du nôtre. Je comprends parfaitement le ras-le-bol des partenaires européens. Mais ils devraient en faire abstraction. Il faut regarder en avant et dans un tel cas de figure, que nous reste-t-il d’autre à faire que de s’entendre d’une manière ou d’une autre. Ce n’est de loin pas seulement un problème économique. Il en va des lendemains politiques de l’UE. Il est évident que nous ne pouvons pas faire végéter tout un peuple qui fait partie de notre union. La solidarité, même s’il y a de quoi jurer, ne peut pas être laissée de côté. Il est inutile dans le contexte actuel de se lancer des injures à la tête ou d’accuser les autres de vilenie. Cela ne fait qu’envenimer une situation tendue au maximum. Dans un tel contexte il vaut mieux se taire. Les sorties de Wolfgang Schäuble sont aussi destructives que celles de certains membre du gouvernement grec. Je peux très bien comprendre que le ministre des finances de l’Allemagne se sente profondément blessé. Les caricatures éditées par l’organe officiel du Syriza à son encontre, sont infâmes. N’y revenons pas ! Mais il est du devoir d’un homme responsable de mettre au second plan son amertume personnelle. J’attends cela d’un politicien.

Que faire dans le contexte actuel ? Il faudrait descendre d’un cran la température. Je crains que les acteurs actuels ne soient pas en mesure de le faire, ce qui est plus que regrettable. La France aurait un rôle de conciliateur à jouer, mais en sera-t-elle en mesure ? Elle ne fera rien pour envenimer les bonnes relations avec Berlin. Il faut que le dialogue se maintienne, même si cela peut paraître vain. L’histoire a démonté où cela pouvait nous mener, lorsque tout contact est rompus. À la désintégration, aux guerres. Personne ne le veut. C’est à ce niveau qu’il faut placer cette journée. Elle est cruciale pour l’Europe et pour les peuples qui la composent. Il en va de notre identité, d’un certain bien-être. Ne galvaudons pas sur un mouvement d’humeur ce qui a été construit depuis la seconde guerre mondiale. Restons solidaires ! Mais je veux tout de même prendre la liberté de faire une critique fondamentale. Nous avons un manque absolu de visionnaires comme l’ont été Robert Schumann, le Général de Gaulle ou à sa manière Conrad Adenauer. Nous avons à faire à des comptables, à de braves gestionnaires qui sèment plus ou moins de l’ennui. Il n’y a aucune envolée, qui pourrait déclencher un mouvement populaire en faveur de l’Europe. En face de nous des responsables interchangeables qui n’arrivent pas à gérer les problèmes actuels. Ils ne pensent pas à demain. Dans un tel contexte il n’est pas étonnant que des populistes de tous bords arrivent au pouvoir et se conduisent d’une manière nihiliste. Alexis Tzipras en est un des prototypes. C’est un facteur d’instabilité qui rend toute planification difficile. En a-t-il pris de la graine ? On ne peut que l’espérer !

pm

http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/07/11/l-eurogroupe-revele-ses-divisions-sur-la-grece_4679901_3234.html

Pierre Mathias

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