Même si Angela Merkel répète constamment qu’elle est pour le maintien de la Grèce dans la zone euro, les citoyens sont de plus en plus d’un autre avis. La majorité au Bundestag est entrain de s’effriter. Tout observateur sent l’exaspération qui règne dans le pays. Il ne faut pas oublier que l’Allemagne est le principal bailleur de fonds et que ses citoyens sont directement concernés par la crise grecque. La partie de poker qui se joue à Bruxelles n’est pas de leur goût. Tout aussi bien les discussions concernant une remise de la dette. L‘ Allemand est très formaliste lorsqu’il s’agit de la morale. Même si un tel pas était à envisager, ils ne voient pas pourquoi on avantagerait tous ceux qui agissent ainsi. C’est une question d’honneur pour eux. Qui fait des dettes doit les rembourser et ceci même s’il n’est pas en mesure de le faire. La misère de la population locale les touche mais pas au point de faire des concessions financières. Même s’il y avait un accord, il est loin d’être dit que les députés à Berlin l’entérinent. Alexis Tsipras ne leur inspire pas confiance. La valse hésitation les a amener à mettre en doute l’intégrité des dirigeants grecs. En particulier le virulent ministre des finances, Yanis Varoufakis, les exaspère. Comme le président du parlement européen Martin Schulz l’a déclaré, il comprend parfaitement le raz-le-bol des citoyens allemands, mais en même temps il les a mis en garde contre des décisions qui pourraient avoir l’effet d’un boomerang. Il n’y aurait que des perdants en cas d’un Grexit. Les milieux financiers perdraient une grande partie de la confiance qu’il ont envers l’euro. Sans parler du désastre politique qu’un tel acte déclencherait.

Je pense, contrairement aux dires de tous ceux qui voudraient voir la Grèce quitter l’UE, que ce serait un enterrement de première classe. Nous reviendrons ainsi à la case de départ, celle d’une Europe déchirée. Face à la Russie de Vladimir Poutine, un aveu de faiblesse. Le risque de conflits s’en trouverait augmenté. N’oublions pas que l’union fait la force. Si nous le reconnaissons il faudrait au contraire encourager l’intégration européenne en essayant d’harmoniser les lois. La Grèce est certes un petit pays, mais il a une importance stratégique. Membre de l’Otan, il est une clef de voûte du front sud. Il est à craindre qu’en cas de rupture, son maintien dans l’organisation atlantique puisse être remise en cause. Cela ferait le jeu des Russes. N’oublions pas que la situation en Libye et dans le reste du Maghreb est en voie de devenir explosive, ce qui est problématique pour notre sécurité. Avant de faire parler leurs ressentiments, les Allemands feraient bien de poser des questions dépassant de loin les affres de la dette. Il en va de l’avenir de la prospérité d’un pays qui dépend de plus en plus des exportations. Je sais que la chancelière en est parfaitement consciente. Mais elle aussi dépend de l’opinion publique. Il sera dans les prochains temps extrêmement important de faire de la pédagogie, afin de démontrer ce qui se passerait au cas où l’Europe se désagrège. Le danger est palpable. N’oublions pas que les Anglais se prononceront d’ici peu sur le maintien ou non dans l’UE. Il est à prévoir que la réponse soit négative, ce qui serait un coup dur pour tout le continent. Il serait à prévoir que les USA soient tentés d’affaiblir l’UE, ce qui serait une entrave à notre liberté.

pm

http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/06/22/pour-angela-merkel-le-dossier-grec-se-jouera-aussi-a-berlin_4659251_3234.html

Pierre Mathias

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