Le fait que le service secret américain, la NSA, se soit permis d’espionner Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ne m’étonne pas. Ce n’est certes pas une action amicale, mais elle est malheureusement normale. Lorsque Madame Merkel dit qu’entre amis de tels procédés devraient être bannis, je lui donne raison. Mais n’en est-il pas de même dans le sens opposé ? Le rôle du renseignement est d’anticiper. Il est essentiel pour la politique extérieure d’un pays. Il est à la base des stratégies à mettre en route. La France et les États-Unis sont étroitement liés en ce qui concerne les interventions militaires pour combattre le terrorisme international, en particulier les mouvances issues du fondamentalisme islamique. Aucun pays en Europe s’engage autant que notre pays. Même la Grande-Bretagne, considérée comme étant l’allié naturel des USA. Nos troupes se battent en Afrique, au Moyen-Orient et ailleurs. Les révélations de Wikileaks sont malgré tout choquantes, car elles démontrent que tout l’entourage des présidents et des premiers ministres a été sur écoute. Mais je ne pense pas que cela aura des conséquences profondes en ce qui concerne nos relations avec « le grand frère ». Il y aurait de quoi être fâché, mais une brouille ne mènerait à rien.

Pour l’Allemagne il en est de même. Tout ce qui se passe à la chancellerie ou au parlement est plus ou moins capté. Mais ce qui est plus choquant, c’est le fait que les services d’outre-Rhin ont collaboré à espionner leurs propres ressortissants, en particulier dans le domaine industriel. Une attitude nuisible et d’autant plus incompréhensible que nous les Européens avons aucune raison de nous soumettre aux lois édictées à Washington. Il est aussi avéré que le renseignement allemand a apporté son aide en ce qui concerne les écoutes à Paris. Je ne peux que condamner de tels procédés qui ont eu lieu de 2006 à 2012. Le Président Hollande réunira ce matin une conférence pour évoquer ce qui s’est passé. Il ne pourra que condamner cette manière de faire, comme l’a fait la Chancelière lorsqu’il a été évoqué que les Américains avaient capté son portable. Je ne pense pas que cela changera grand chose. La NSA continuera, d’une autre manière probablement, à s’immiscer dans les affaires des pays amis. La preuve que la confiance qui devrait régner entre alliés est toute relative. Le dommage politique provoqué par ses révélations est certain, mais personne ne veut que cela aboutisse à un refroidissement général. Les tensions de par le monde sont telles que ce n’est aucunement dans notre intérêt de tourner le dos aux Américains. Que l’on veuille ou non, nous sommes tous dépendants les uns des autres. Le Président Obama a bien fait comprendre à « ses amis » qu’il ne remettrait pas en cause la NSA, qu’elle est une institution incontournable en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme à l’échelle planétaire. Comment pourrait-il procéder autrement ? Ne nous faisons pas d’illusions, rien ne changera. Je suis sûr que d’une autre manière les autorités américaines continueront à « prêter attention » aux agissements du gouvernement français. Et ceci au nom des intérêts nationaux ! Quand on sait que leurs propres citoyens sont eux-aussi contrôlés jours et nuit, il n’y a pas de quoi d’être étonné. Ne me parlez pas de liberté !

pm

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/06/24/entre-washington-et-paris-des-liens-devenus-tres-etroits_4660332_3222.html

Pierre Mathias

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