Lorsque Manuel Valls, a parlé sous le coup des attentats du 11 janvier de « l’apartheid territorial, social, ethnique qui s’est imposé à notre pays », dénonçant « la relégation périurbaine, les ghettos », il ne pouvait pas savoir que le FN serait probablement le premier parti de France lors des cantonales. Comme on le sait ses électeurs sont hostiles à toutes mesures pouvant assainir la situation dans les banlieues. Si on leur pose la question de savoir ce qu’ils envisageraient pour désamorcer les tensions, ils répondraient probablement qu’il faut dynamiter les cités et les personnes qui y vivent. On en est là ! Dans de telles conditions le premier ministre avait intérêt à ne pas trop faire d’activisme en ce qui concerne les réformes à apporter. Elles sont franchement timides, d’autant plus qu’il n’y a pas d’argent pour les mettre en route. Toutes décisions prônant des restructurations sont donc loin d’être populaires.

Nous nous trouvons dans une ambiance où le racisme est omniprésent. Si le gouvernement suivait les préceptes de Marine Le Pen, il aurait probablement une majorité de citoyens qui l’approuveraient. Pour ne pas accentuer les pronostiques désastreux pour la gauche, Manuel Valls a intérêt à mettre en sourdine ses bonnes intentions. Déjà dans mon article d’hier je me posais la question de savoir que faire pour mettre un frein à l’extrême-droite. Je n’ai pas de réponse. La vague populiste que subit l’Europe actuellement est difficile à arrêter, parce qu’elle est émotionnelle. Les gens ont peur et croient qu’ils peuvent se préserver en montrant leurs muscles. La désillusion sera grande, mais il sera trop tard. Nous sommes atteints d’un virus qui nous empoisonne de plus en plus, celui de l’exclusion. Je sais, il y a un raz-le-bol en ce qui concerne les populations issues de l’immigration, qui aux yeux des militants FN sont des assistés. Nous en sommes pour quelque chose. Au lieu de briser les ghettos, nous avons tendance à dresser des murs. Dans de telles conditions il est impossible d’évoluer. La première chose à faire est de donner à tout individu les moyens de se développer dans le but de mener une vie indépendante. Ce n’est pas le cas ! Dans un tel contexte il n’est pas étonnant que la criminalité soit de mise et provoque ainsi une insécurité générale qui empoisonne le pays. C’est là qu’on peut découvrir les déficits d’une politique menée depuis des décennies. Il serait grand temps, malgré le jeu électoral, de changer de cap. La plupart des personnes de souche étrangère ayant un passeport français, il serait temps de les considérer comme tels. Ce n’est évidemment pas le cas. On ne peut pas les renvoyer dans les pays de leurs ancêtres ! Pour les frontistes purs et durs un fait inadmissible. Avec les armes du racisme il essaient de se protéger, de se faire passer pour la race dominante. Comme les blancs des USA, ils devront se rendre à l’évidence, que ce n’est plus le cas. Qu’ils le veuillent ou non, la mixité ne pourra pas être endiguée. C’est-ce qu’ils ne veulent pas admettre, d’où les derniers rebonds. Dans de telles conditions il est à craindre qu’ils mettent le feu aux poudres. La gauche démocratique ne devrait pas être frileuse. Il faut agir, quitte à perdre les élections.

pm

http://www.lemonde.fr/banlieues/article/2015/03/06/le-plan-du-gouvernement-contre-l-apartheid-sans-mesures-choc-ni-gros-moyens_4589140_1653530.html

Pierre Mathias

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