Matteo Salvini, le sulfureux ministre de l’intérieur, veut ce matin lancer à Milan un appel aux nationalistes européens afin qu’ils s’unissent sous sa direction pour avoir une forte représentation au sein du Parlement à Bruxelles et à Strasbourg. „Nous voulons changer radicalement cette Europe, avec le bon sens et le goût du concret que nous sommes en train de démontrer en Italie. Notre objectif commun: une Europe qui donne la priorité aux peuples et non aux bureaucrates, aux banquiers, aux bien-pensants et aux bateaux de migrants clandestins. » Voilà pour le menu. Mais il n’y aura pas comme il était prévu la présence de Marine Le Pen, qui voudrait avoir le leadership, de Viktor Orban, dont le Fidesz fait encore partie du Parti populaire européen (les démocrates chrétiens) et des eurosceptiques polonais, pour qui la sympathie affichée de Matteo Salvini pour Vladimir Poutine est incompatible avec leur politique. Seuls présents seront l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), les Vrais finlandais et le Parti populaire danois. Pas de quoi pavoiser. Comme il était prévisible, les souverainistes ont du mal à s’unir, malgré la grande admiration qu’ils portent pour le ministre de l’intérieur de la Péninsule. Notre seule chance contre la montée des néofascistes est leur division. Mais combien de temps cela durera-t-il encore ? Il est évident que ces partis ne sont pas à une contradiction près. La question des relations avec Moscou a connu à nouveau un pic, cette fois-ci en Allemagne. Markus Frohnmaier, un jeune député de l’AfD au Bundestag, a été mis en demeure d’expliquer pourquoi l’administration présidentielle de Russie le considère comme un vassal à part entière, défendant les intérêts de Vladimir Poutine. En quelque sorte un représentant d’une nouvelle cinquième colonne, (Je pense à l’organisation secrète à la solde de Staline pendant la seconde guerre mondiale).
Il est vrai que Markus Frohnmaier représente assez bien les aspirations de l’extrême-droite allemande en ce qui concerne la Russie. Il est évident que nombre de nationalistes européens sont téléguidés par Moscou, ce qu’il faudrait dire haut et fort pendant la campagne des Européennes. Je me suis aussi exprimé pour un rapprochement avec la Russie, mais pas dans de telles conditions. J’irais jusqu’à considérer de tels agissements comme des coups de poignards portés dans le dos de nos démocratie, des agissements frôlant la légalité. Les programmes des partis nationalistes ne sont que similaires qu’en ce qui concerne l’exclusion, le racisme et le déni de la démocratie. Mais lorsqu’il est question d’un retour à une Europe chrétienne, dominée par les ultra-conservateurs du catholicisme, il y désaccord. Les uns voudraient bien qu’il y ait une restauration d’un fascisme à la Mussolini ou du nazisme dur et pur, les autres rejettent véhément cette forme de société. Nous sommes loin d’une alliance, même si elle pouvait exister sur le papier. À nous les démocrates de semer la zizanie dans de tels projets d’unité. Je pense qu’il ne peut rien nous arriver de mieux que de tels antagonismes. Mais cela ne suffira pas pour dissiper la menace brune en Europe. Il faudra que nous trouvions les bons arguments politiques afin de démontrer aux citoyens que le souverainisme les mènera à la perte. À l’attaque !
pm