Il fait gris… Les couleurs mordorées de l’automne ont fait place à la bruine, à la pluie. Peut-être que le temps ensoleillé dont nous avons joui ces derniers jours ne correspondait pas au cafard ambiant de cette Allemagne que nous ne comprenons plus guère. D’un côté une chancelière qui essaie de s’esquiver, ne voulant pas admettre qu’elle a fait son temps, tentant d’appliquer la méthode Coué afin de racoler tous ceux qui seraient tentés d’aller faire un petit tour du côté de l’AfD. Puis la tentative de convaincre Les Verts et le FDP de faire cause commune avec elle, mais qui se font un peu tirer l’oreille. Des gens n’ayant que peu de points communs. Peut-être tout de même celui de barrer la route à l’extrême-droite ? Du rafistolage politique qui n’augure rien de bon pour l’avenir. Les milliers de manifestants, venant d’horizons divers – des syndicats, de la gauche, des églises, des écologistes et j’en passe – qui ont occupé aujourd’hui les rues de Berlin sont venus nous rappeler, qu’ils veilleraient bien à ce que les débats au Bundestag ne dégénèrent pas en une tribune raciste nauséabonde dont seule l’AfD, avec ses 92 députés, pourrait profiter. J’ai le sentiment qu’ils ne font plus confiance aux partis établis afin de tenir tête à tous ceux qui ressentent l’envie de tout détruire sur leur passage. Je ne vais pas comparer l’ambiance actuelle à celle du parlement de la Prusse pendant la République de Weimar. Il était le joujou d’Hermann Göring, qui injuriait tous ceux qui s’élevaient contre le NSDAP et les menaçait de ratonnade. Cela avait eu lieu, car le gouvernement d’alors donnait des signes de faiblesse et n’avait pas pu tenir tête aux nazis. Mais aussi car tous les démocrates se tiraient dans les pattes.
Et si au sein de l’hémicycle il ne peut plus avoir de débats censés, tout se reporte dans la rue, comme cela avait été le cas avec le Pegida à Dresde. N’oublions pas que ce sont ces cortèges néo-nazis, dirigés contre les étrangers, qui ont été à l’origine du populisme allemand « nouvelle mouture ». Peut-être que certains me reprocherons de propager la peur, mais il vaut mieux maintenant avant que cela soit trop tard. Il faut que tous ceux qui luttent pour une Allemagne plus libérale, se fassent entendre aujourd’hui. Le SPD, quant à lui, a compris le message que les électeurs lui ont transmis. Il est primordiale que dans ce pays une vraie opposition se reforme et contrecarre en premier lieu l’AfD. Et ceci d’une manière déterminée. Pas en croyant comme la droite du CDU/CSU, qu’en répétant d’une manière un peu édulcorée les thèses populistes, qu’il sera possible de ramener au bercail les brebis égarées. Il ne faut pas faire de demi-mesure en ce qui concerne la montée des tendances fascistes en Europe. Après l’Autriche et la République tchèque, il y a de la joie ! D’autres suivront si nous ne sommes pas vigilants. Je désire qu’un mouvement citoyen se mette enfin vraiment en marche et qu’ils s’oppose aux fossoyeurs de la démocratie. Mais ce qui a été vraiment fatal ces toutes dernières années, c’est que la vie parlementaire n’a pas vraiment fonctionné et que les partis ont été trop nombrilistes. Il serait temps que la politique en prenne conscience. Depuis le 26 septembre il y a eu une grande césure. Il ne suffit plus d’être cool, Madame Merkel !
pm