Il n’y a pas d’âge, où il est permis de prendre la liberté en otage, en invoquant l’impossibilité pour tous ceux qui sont taxés de déments, de ne pas pouvoir s’en sortir sans une aide extérieure. D’un point de vue pragmatique c’est peut-être exact, mais est-ce légitime de les enfermer dans des cages ? Non ! Il n’y a rien de plus avilissant que de mettre des gens sous tutelle parce qu’ils pourraient éventuellement déranger l’ordre établi. Lorsqu’on voit souvent de pauvres êtres errer dans des maisons de personnes âgées, puis prendre place dans le hall d’entrée, car il y a un va-et-vient continuel de visiteurs.. .Du vrai cinéma ! Très souvent on les bourre de calmants afin qu’ils fichent la paix au personnel-soignant. On en fait souvent des vieux hébétés et s’ils sortent de leurs gonds, ce sont des fous furieux. Il y a des années, j’ai tourné un film dans un club du 3ème âge, qui sciemment rejette tout internement arbitraire, comme cela se passe dans les établissements médicaux-sociaux (EMS). Des mouroirs d’une efficacité digne des pompes-funèbres. Les personnes âgées, dont des déments ou des patients atteints d’Alzheimer, vivent en communauté avec un ou plusieurs vieillards. Ils font leur courses, s’occupent du ménage, passent la nuit sans surveillance, bien sûr avec la possibilité de faire appel à aides-sociaux, qui passent régulièrement si on leur demande. Et même si certains d’entre eux ont perdu la tête, cela se passe d’une manière satisfaisante. Ils passent les journées au club, où ils peuvent choisir un grand lot d’activités. J’ai demandé au responsable comment il pouvait assurer leur sécurité, garantir qu’ils ne fuguent pas. « Vous avez raison, je ne peux pas le faire. Mais croyez-vous que pour eux il soit meilleur qu’ils passent les dernières années de leur vie dans un milieu carcéral? ». Il me fit comprendre, qu’avec l’accord des familles ou des autorités de tutelles, ils avaient opté pour la liberté, avec tous les risques qu’elle comporte.

Au lieu d’être enfermées, ces personnes sont traitée d’une manière digne. Et s’il y a un incident, il vaut mieux l’accepter que de les enfermer. Dans le modèle que je décris, il y a eu relativement peu de fugues et d’accidents. Les seniors arrivaient d’une manière étonnante à se débrouiller. Il suffit de mettre à leur disposition des appareils ménagers adaptés à leurs handicaps, comme l’oubli par exemple. Les plaques d’une cuisinière s’éteindront automatiquement après une durée limitée, afin de ne pas mettre le feu à la maison. Il est évident qu’une telle organisation ne peut pas faire office de repoussoir. Elle demande une participation effective des proches. Elle n’est pas non plus une machine à sous, comme sont souvent les résidences du 3ème âge, qui demandent des prix faramineux à leurs pensionnaires. S’il en allait de moi, je fermerais d’office un grand nombre d’entre elles pour les remplacer par des « communes de personnes âgées ». Comme les étudiants qui se mettent à plusieurs pour louer des appartements, dans ce cas-là se sont des retraités, souvent des gens ayant perdu leurs conjoints. Et aussi dans ces cas-là, les résultats sont positifs. Je me préoccupe, comme vous avez pu vous en apercevoir souvent des droits de l’homme. Dans ce cas je proclame haut fort que les seniors en ont un droit le plus absolu ! Qui a travaillé toute sa vie mérite le bonheur, non pas la dépression !

pm

http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/nos-vies-intimes/20171023.OBS6374/quand-les-malades-d-alzheimer-sortent-prendre-l-air-et-ne-reviennent-pas.html

Pierre Mathias

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