Jacques Chirac vient de mourir à 86 ans, une certaine France aussi. Celle où la politique avait malgré tout encore un aspect bon enfant. Malgré les antagonismes, il y avait encore encore un certain respect mutuel au sein de la classe politique. François Hollande, avec qui il entretenait des rapports amicaux, dit de lui : « Il avait pu être dur, féroce même avec ses adversaires. Il était parti à l’abordage tant de fois, dans des campagnes jamais faciles. Et pas toujours victorieuses. Mais il avait tenu. Il avait voulu aller jusqu’au bout d’un destin qu’il n’avait pas forcément conçu avant que la politique ne s’emparât de lui. » Je pense que cette description le défini bien. Il était un homme passionné, même si nous étions d’un autre avis politique. Il était un patriote, dans tout ce que cela comporte de positif. Malgré tous les antagonismes qu’il pouvait provoquer, il est resté humain. On est à mille lieues du fondamentalisme d’une politique exiguë, repliée sur soi-même. Il était avant tout un homme, dans toutes ses contradictions. Une attitude portée sur l’humanisme le caractérisait. Je regrette que cette époque fasse partie du passé, car elle était moins stérile que ce que nous vivons aujourd’hui, où l’esprit technocrate semble avoir pris le dessus, Celui de personnes interchangeables, qui ne laisseront pas de traces derrières elles.

Avec Jacques Chirac, il y avait quelque chose de proche. Même s’il n’a pas été toujours un enfant de chœur, je pense aux magouilles à la mairie de Paris, il était fait de chaire et d’os. C’était en outre un amoureux de la vie et de tout que cela comporte. Pas un homme austère. Pour ma part j’aime l’aspect parfois baroque que pouvait avoir la marche de l’État, l’aspect un peu flonflon que cela peut engendrer. Je sais ce dont je parles, car habitant en Allemagne, je peux constater ce que l’aspect hyper pragmatique d’une Angela Merkel peut apporter. Certes elle peut présenter un bilan non négligeable, mais la passion n’est pas au rendez-vous. Le tout est bien conforme, mais l’aspect sanguin me manque parfois. Et je ne suis pas le seul ! Je la trouve bien tiède dans son combat contre l’extrême-droite par exemple. Il n’y a rien de viscéral dans sa lutte. Je ne sais pas si elle aurait été en mesure de reconnaître, comme Jacques Chirac en son temps, la responsabilité de la France en ce qui concerne la déportation des juifs dans les camps, sans parler de la collaboration et ses aspects nauséabonds. C’était de sa part un acte noble, qui avait été nécessaire. Le président d’alors ne s’était pas esquivé, il avait pris le parti, que l’honneur de la France devait être placé tout en haut de la pyramide. Le mensonge et le déni auraient été de son point de vue pas digne de la nation des droits de l’homme comme ceux préconisés par la Révolution. Pas une justice terne, mais issue des passions qui caractérisent l’histoire de la France. Jacques Chirac était un bon-vivant, une qualité qui caractérise la nation toute entière. L’hédonisme est une qualité que je qualifierais comme étant essentielle pour l’âme de ce pays. Je ne crois pas me tromper, si je décris le défunt comme étant un de ses adhérents. Une attitude que je considère comme étant d’une importance vitale pour l’avenir dans un monde en plein déclin.

pm

https://www.nouvelobs.com/jacques-chirac/20190926.OBS18973/les-hommages-politiques-a-la-mort-de-jacques-chirac-qui-fait-desormais-partie-de-l-histoire-de-france.html

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