C’est un des sujets de l’écrit en philo du bac 2019. Il y a bien des citoyens qui remettent en question l’enseignement philosophique, pour ma part je le trouve essentiel, car il incite les élèves à la réflexion. Je trouve absolument légitime de consacrer beaucoup de temps aux idées qui nous régissent dans la vie quotidienne, qui nous appellent à la raison. Un sujet tel que « La morale est-elle la meilleure des politiques ? », oblige les élèves de définir certains mots, comme celui de « la morale ». Qu’est-elle ? Ce n’est pas si simple à dire, car elle est de géométrie variable, car elle signifie pour chacun de nous autre chose. Pour ma part je la considère comme un outil, nous proposant certaines règles afin de nous faciliter l’existence. Je ne la vois pas personnellement comme un moyen de répression, bien qu’elle soit appliquée souvent comme telle, afin d’exercer le pouvoir en réduisant la mobilité mentale de tous et chacun. Si elle est appliquée à ces fins, je l’aborde avec la plus grande des réticences. Comment accepter une dialectique qui nous enferme dans un carcan, celui que nous impose les plus forts. La morale est dans ce cas une mise au pas de l’homme, afin de freiner tout ce qui pourrait ressembler à la liberté, pour moi le bien plus précieux. Si j’avais dû passer l’épreuve de philo, c’est dans ce sens que j’aurais essayé d’argumenter. Une manière totalement subjective d’aborder un tel sujet. J’aurais essayé d’étayer mes thèses en évoquant des faits de l’histoire. Dans ce contexte il me vient à l’esprit la répression exercée au nom de la morale par Girolamo Savanarole entre 1494 et 1498 à Florence. Une politique implacable qui a pour but essentiel de mettre le peuple sous tutelle après les excès causé par les Médicis.
«La morale n’est qu’une interprétation – ou plus exactement une fausse interprétation – de certains phénomènes.» C’est ce qu’a écrit Friedrich Nietzsche. Je serais enclin à suivre son raisonnement, car elle a le pouvoir de mettre les êtres humains sous un joug en transformant le mensonge en une réalité. Elle est pour moi néfaste, lorsqu’elle suit des prérogatives politiques. Aucunement lorsqu’elle nous propose des règles de vie, comme celles évoquées par les dix commandements, qui ont pour intention de nous rendre l’existence plus viable, de nous éviter l’anarchie, qui finalement nous mène au totalitarisme. Si j’en crois Nietzsche elle est appliquée comme un lavage de cerveau, ce que je réprouve évidemment. Mais comment faire pour ne pas tomber dans ce travers ? Réfléchir, débattre, s’émanciper par rapport à ses effets pervers, telles pourraient êtres les premières démarches à suivre, mais c’est justement là que le bât blesse. Les faux moralistes, qui la considère comme un moyen de répression, veulent éviter toutes discussions, empêcher toutes mises en doute. C’est la raison pour laquelle je ne peux pas accepter que la philosophie soit écartée des cours, qu’elle soit bannie de l’école, comme c’est déjà le cas dans certains pays. Je ne peux pas faire valoir l’argument qu’elle ne sert à rien, au contraire. Elle fait de nous des citoyens libres, responsables. Mais cela ne peut que fonctionner tant que nous sommes pourvus d’un esprit critique. Qu’il soit dit, il faut tout remettre en question, autrement la vie peut devenir un enfer, comme du temps de Savarole.
pm