L’extrême-droite n’a pas réussi d’obtenir la mairie de Görlitz, une ville de Saxe située à la frontière polonaise. Sebastian Wippel de l’AfD, qui se présenta au second tour contre Octavian Ursu de la CDU, obtint 44,9 % des voix, ce qui est énorme. Grâce a un front démocratique qui réunit les autres partis, la marche irrésistible de l’AfD a pu être momentanément freinée, ce qui pourrait être considéré comme un signe encourageant en ce qui concerne les élections régionales qui auront lieu en Saxe, en Thuringe et dans le Brandebourg en septembre. Mais les résultats sont loin d’être rassurants. Il semble que l’extrême-droite soit en tête dans ces länder, ceci devant les chrétiens-démocrates. Cela est dû à un sentiment de ras-le-bol contre la grande coalition qui règne encore à Berlin. À Görlitz cela s’est aussi exprimé par le regain de voix pour les Verts, qui dans le premier tour ont obtenu 27 % des voix. Ils se sont retirés pour empêcher l’élection de Sebastian Wippel. Un sauve-qui-peut. Les citoyens de l’ex-RDA se sentent désavantagés par rapport à l’Ouest. La déshérence de la population s’est accentuée, car les perspectives d’avenir dans les nouveaux länder se sont encore amoindries. Puis il y a encore un fait psychologique, le langage musclé de l’AfD leur sied mieux, que le dialogue. Le réflexe totalitaire y est encore toujours de mise et ceci 30 ans après la chute du mur. Il serait temps que les forces démocratiques en Allemagne se reprennent en main, car la situation risque de dégénérer. Le meurtre de Walter Lübcke, le président de Kassel et de sa région en Hesse, pas loin de Francfort, présage rien de bon. Un suspect a été arrêté hier. C’est lui, d’après une ADN trouvée sur le lieu du crime, qui aurait tiré à bout-portant sur la victime. D’après les médias il ferait partie de l’extrême-droite nazie. Et ceci parce que Lübcke avait eu en 2016 une position humanitaire envers les migrants. Il avait cautionné l’ouverture d’un lieu d’accueil pour eux. Il avait été houspillé à l’époque pour cette position relevant avant tout de son éthique. Sur internet, il y eut après son meurtre des remarques immondes de la part de ceux qui se félicitaient de ce crime.

Je cite cet exemple afin de démontrer dans quelle ambiance se trouve la République Fédérale. Celle d’une croisade néonazie qui risque de dégénérer, si la politique ne réagit pas plus vigoureusement contre de telles tendances. C’est ce qui a eu lieu hier à Görlitz. Mais ne nous leurrons pas, c’est une victoire à la Pyrrhus qui a laissé un goût amer. Celui du déclin des partis dits populaires. Ils serait temps pour eux de faire leur examen de conscience. La chute vertigineuse du SPD et celle moins marquée des partis chrétiens, qui se retrouvent pour la première fois derrière les Verts, a des raisons objectives. Les gens ont l’impression, que ces deux formations qui ont les rennes du pouvoir en main depuis des décennies, n’ont plus la sensibilité de prendre en compte les aspirations de la société dans son ensemble. Ils font offices de gestionnaires, ce qui n’est guère « érotique ». Il y a une usure qui profite indéniablement, parallèlement aux écologistes, à l’extrême-droite dans son ensemble. Il en va de la survie de la démocratie en Allemagne. C’est ce que les citoyens devraient se marteler en tête, de leur liberté individuelle.

pm

https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/17/l-extreme-droite-allemande-echoue-a-obtenir-sa-premiere-mairie_5477091_3210.html

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