Je suis vraiment en rage, lorsque je lis le manifeste que 1.400 artistes et écrivains ont signé pour soutenir le mouvement des Gilets Jaunes. D’abord ils ont mis un temps infini à se prononcer, puis ils n’ont fait aucune mention des débordements racistes et diffamatoires qui ont eu lieu. Bravo ! Si des intellectuels ne sont pas en mesure, tout en approuvant les grandes lignes des revendications, de ne pas émettre une seule critique à leur égard, ils ne sont pas à mes yeux crédibles. Pour plus de clarté voici quelques uns de leurs arguments. Voici le hors d’œuvre : Nous ne sommes pas dupes ! C‘est un mouvement que le pouvoir cherche à discréditer et réprime sévèrement alors que la violence la plus menaçante est économique et sociale „. Pour réclamer ensuite : Une démocratie plus directe, une plus grande justice sociale et fiscale, des mesures radicales face à l’état d’urgence écologique ». Les acteurs du monde culturel ne parlent pas du grand dialogue, n’évoquent pas les efforts faits par le président pour essayer de trouver un rapprochement. Avec des mois de retard ils jettent de l’huile dans le feu. Ils montrent du doigt qu’un seul responsable à leurs yeux, Emmanuel Macron. Ils ne cherchent pas à différencier certains faits, qui pour ma part sont condamnables, comme les actions du bloc noir contre les personnes et les biens, comme la réaction parfois outrancière des forces de l’ordre. Au lieu d’essayer de faire descendre d’un cran l’atmosphère d’hostilité, de prôner le dialogue, ils sont d’un parti-pris déconcertant. « Nous voyons bien les ficelles usées à outrance pour discréditer les “gilets jaunes”, décrits comme des antiécologistes, extrémistes, racistes, casseurs… la manœuvre ne prend pas, ce récit ne colle pas à la réalité même si médias grand public et porte-parole du gouvernement voudraient bien nous y faire croire ».

Une fois de plus, ce n’est pas le fond évoqué par eux qui me gêne. Comme homme de gauche j’y souscrirais. C’est plutôt la forme qui rejette toute réflexion. C’est pourtant c’est ce que j’attendrais de telles personnes. Si ce texte avait été publié l’automne dernier, je le comprendrais, car il aurait été écrit dans le feu de l’action. Mais ce papier est du réchauffé. Il est facile de sauter sur un train en marche, lorsqu’on ne risque plus rien. Je trouve tout cela pas digne d’une caste qui dit représenter l’âme d’une nation. Lorsqu’on veut faire une révolution, on se jette tout de suite dans la mêlée. Puis ils ont ignoré dans leur texte les accointances avec l’extrême-droite, qui les mettrait au pilori si elle prenait le pouvoir. Je ressens de la colère de voir à quel point mes « proches » ignorent certains enjeux, veulent masquer le danger qui se pointe à l’horizon. Il n’y a pour eux qu’un responsable : le pouvoir. Lorsque l’académicienne Danièle Sallenave dit : « J’ai éprouvé dès les premières manifestations un élan de sympathie, régulièrement renouvelé par le contraste réjouissant, à la télévision, entre leur assurance un peu maladroite et l’hostilité mal dissimulée des journalistes et de leurs invités », Je veux bien, mais j’aurais attendu d’elle une analyse plus profonde. Tout cela est épidermique. J’attends des intellectuels, d’une part qu’ils s’engagent immédiatement, de l’autre, qu’ils fassent une réflexion plus profonde après coup. Passons !

pm

https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/05/04/le-monde-de-la-culture-apporte-son-soutien-au-mouvement-sans-precedent-des-gilets-jaunes_5458287_3224.html

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