Ralph Northam, le gouverneur démocrate de Virginie, a un passé qui l’a prit de plein fouet hier. Une photo a été publiée le montrant déguisé comme membre du Ku Klux Klan ou une autre comme « blackface », c’est lorsque les blancs se passaient du cirage sur le visage, pour « se caricaturer » en noirs. Aujourd’hui une attitude considérée comme étant discriminatoire, raciste. « Un site internet a publié une photo de moi dans mon album d’école de médecine en 1984 dans un déguisement qui est à l’évidence raciste et insultant ». Des membres influents de son parti, les démocrates, réclament sa démission, ainsi que le Président Trump, pour qui cet incident est une aubaine. A-t-il oublié que son père avait aussi défilé avec le Ku Klux Klan ? Mais Ralph Northam ne voit pas la raison de prendre son chapeau pour une erreur de jeunesse qu’il dit déplorer au plus haut point. Il est évident qu’au cours de toute une vie, on peut changer un temps soit peu de profile, mais il y a des traces qui resteront indélébiles, comme tous ceux qui après la guerre, comme Günther Grass, le prix Nobel de littérature, ont fait oublier qu’ils faisaient partie de la Waffen SS. Le 10 novembre 1944, à l’âge de 17 ans, il a été intégré dans la 10. division SS–Frundsberg. Pour moi, qui l’admire comme écrivain et le considère comme un des mentors du SPD, cela a été un choc. Mais pouvais-je passer outre, car il était un membre important de mon parti, que dans ses œuvres il a évoqué des thèses, qui faisaient partie de mes idéaux d’homme de gauche ? J’essayais de me dire qu’à son âge, une telle dérive était possible, d’autant plus que l’armée rouge et les alliés occidentaux étaient en train d’occuper le Reich. Je me suis mis dans sa situation et ai du constater, qu’à 17 ans j’étais parfaitement capable d’avoir assez de raison, pour prendre telle ou telle décision, que je ne pouvais pas passer pour un naïf.
Il en est de même pour le gouverneur de Virginie. Comme étudiant de médecine il savait parfaitement ce qu’il faisait, dans cet État, où l’apartheid était pratiqué d’une manière rigide. Ralph Northam a été infesté par cette atmosphère glauque, pas une raison pour autant de l’excuser, même si aujourd’hui il a pris ses distances par rapport au racisme. S’il avait un peu de dignité, il n’hésiterait pas à partir. Mais lorsqu’on analyse la nature humaine, il est évident qu’on butte toujours à nouveau sur des attitudes contradictoires, que rien n’est fait d’un seul bloc. Il y avait des voix, en ce qui concerne Günther Grass, qui avaient exigé lors des révélations « de son erreur de jeunesse », qu’il rende le prix Nobel, il ne l’a pas fait. Il est facile d’exiger des autres de se conduire de telle ou telle manière, lorsqu’on n’est pas concerné. Mais dans le cas de Ralph Northam il n’y a pas d’autre alternative qu’une démission, car il occupe un poste politique important. Il ne peut vraiment pas faire comme si cela ne le concernait pas. Je pense que cela ferait partie d’une éthique qu’un politicien doit s’imposer. Ce serait un geste puissant, condamnant toute forme d’exclusion. Vouloir s’accrocher ainsi au pouvoir n’est vraiment pas digne d’un représentant du peuple. J’espère que cette affaire puisse être l’occasion de réfléchir aux conséquences du racisme, comme c’est le cas pour la politique migratoire du gouvernement Trump ! Aux Américains d’en débattre !
pm