Je veux essayer de prendre la désastreuse défaite qu’a subie Theresa May hier soir à la chambre basse de Westminster, pour évoquer ce que je ressens dans une telle situation. Moins politiquement, – j’ai écrit maints articles à ce sujet et il ne me viendrait rien de neuf en tête – que psychologiquement. Les députés ont rejeté par 432 contre 202 voix le projet d’un brexit à l’amiable. Ils n’ont pas tenu compte des perspectives inquiétantes dans lequel serait plongé le pays en cas d’un divorce dur. Ils n’ont pas pensé aux millions de citoyens qu’ils tiennent ainsi en otage. « Après moi le déluge… » Y-a-t-il eu un tel réflexe ? Même si pour ma part je suis contre toute forme de brexit et appellerais de mes vœux que le Royaume-Uni reste attaché à l’UE, force est de constater que dans l*intérêt des Anglais, une solution soft aurait été la moins mauvaise des options à l’heure actuelle. L’attitude des élus me fait franchement peur. Elle démontre à quel point les intérêts individuels jouent un rôle mineur dans cette partie de poker à la Russe. C’est comme s’il y avait eu une déconnexion entre les électeurs et ceux qui en principe devraient les représenter. Les uns et les autres peuvent apporter tout un lot d’arguments, ils jouent à mes yeux qu’un rôle mineur en ce qui concerne ce qui s’est passé. Un compromis aurait pu être possible, tout au moins pour un temps transitoire. Il n’en a rien été, car le comportement des politiques est régi plus par les tripes que par la matière grise. Il s’agit avant tout d’une question d’identité, comme cela se passe communément dans les couples en discordes, dans toutes relations amoureuses.

Passer de la tendresse à la haine rend toutes tentatives de séparation « à l’amiable», caduque. Au lieu d’agir dans l’intérêt des enfants, une telle attitude attise encore plus la violence. Les protagonistes sont souvent aveugles et en arrive à se battre pour une cuillère à café. Le mal qu’ils occasionnent chez les jeunes devient secondaire. C’est ce qui s’est passé hier à Londres et rend toutes tentatives de pondération impossibles, car personne ne veut perdre la face. Cela me rappelle un peu un duel, où les deux protagonistes ne connaissent plus la raison pour laquelle ils devraient s’envoyer une balle dans la tête. Cela ressemble plutôt à un défi, celui de vaincre la peur et d’accepter avec courage la mort. Une attitude décadente, un déni complet de la raison. Il doit y avoir un grand attrait d’agir ainsi, mêmes si des centaines de milliers d’ouvriers et d’employés risquent de perdre leur emploi. Cela ne compte pas dans une telle démarche. Seule la chute en enfer exerce une grande fascination et si elle est accompagnée du déclin, elle est d’autant plus tentante. Même si des parents déclarent, que l’enfant se trouve au centre de leurs préoccupations, je n’en crois pas un mot s’il y a litige. Son chagrin, son désespoir fait partie de cette comédie macabre qu’est « le suicide » Une pièce maîtresse dans un scénario qui se veut dramatique. Il n’en ai pas différemment dans ce que nous vivons au-delà de la Manche. C’est la raison pour laquelle je pense, qu’il n’y aura pas de compromis ! Une situation désespérée n’est-elle pas plus excitante pour les flambeurs ? Il y a de quoi bander !

pm

https://www.lemonde.fr/international/article/2019/01/15/brexit-apres-le-rejet-massif-de-l-accord-l-avenir-du-gouvernement-may-et-du-brexit-plus-incertains-que-jamais_5409560_3210.html

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