« C’est un jour triste, ce n’est pas un moment de jubilation de voir un pays quitter l’UE. (…) C’est tragique », a tweeté Jean-Claude Juncker. Il dit exactement ce que nous les Européens devrions ressentir en parlant du Brexit. On ne peut pas pavoiser lorsqu’il y a divorce. Mais ce qui a été conclu hier, n’est à mon avis pas le point final. Theresa May aura le plus grand mal à faire avaler les couleuvres que recèlent ce document de 600 pages pour ceux qui sont pour une séparation dure et pure. Les Unionistes irlandais ont d’ores et déjà dit qu’ils ne soutiendraient plus le gouvernement, si l’accord n’était pas modifié. Les 27 ont prétendu de leurs part, qu’il n’y aurait plus de négociations à ce sujet. De nombreux parlementaires, aussi ceux appartenant aux Tories, diront non aux efforts entrepris par May. Il est très probable dans l’état actuel des choses, elle n’aura pas de majorité. Nous nous dirigeons, qu’on le veuille ou non, vers une crise majeure. Il serait temps que le peuple britannique, tels les Gilets jaunes, mette un terme à ce jeu politique qui est sordide. Je ne vois qu’une solution, celle d’appeler une fois de plus les citoyens à se rendre aux urnes, car ce sont eux qui seront les victimes du Brexit. Pas les riches qui ont placé leurs sous à l’étranger. Si le divorce se déroule dans les plus mauvaises conditions, il y aura une hémorragie sans précédent. De multiples entreprises quitteront le pays, la City battra de l’aile malgré les déclarations optimistes d’un Boris Johnson. Je crains que ce sera le sauve-qui-peut.
Teresa May le sait, c’est la raison pour laquelle elle a supplié les Anglais de la soutenir, arguant que le compromis de Bruxelles était la seule voie à emprunter pour éviter la ruine. Que faut-il qu’il se passe afin que ses compatriotes sortent de leur réserve? Peut-être sont-ils paralysés par l’angoisse de ce que leur réservera l’avenir ? Puis il y a des millions d’Anglais qui souhaiteraient qu’on revienne sur la décision de quitter l’UE. Revenons aux faits. Qu’en pensent les négociateurs européens. L’un d’eux se donne du courage en disant « Le vote à Westminster pourrait passer à dix voix près ». Un autre pense : « Je ne parierai rien, mais on a pu constater que, ces derniers jours, Mme May contrôlait mieux la situation qu’on aurait pu penser ». Il étaie cet argument par le fait que ses adversaires n’ont pas réussi à la renverser. Mais il est à craindre pour elle qu’elle n’en sortira pas cette fois-ci, qu’avec un œil au beurre noir. Il est évident que l’UE a réussi à préserver tous ses intérêts, que la Grande Bretagne a dû céder sous bien des points. Les Européens vont préparer un plan b. La balle est en ce moment dans le camps adverse. Et s’il y avait rupture ? « C’est aux Britanniques de réfléchir, mais personne n’a évoqué cette hypothèse lors des discussions de dimanche » a dit un des négociateurs. « Nous pourrions aboutir à un accord avec un niveau historique de coopérations, sans précédent, même si le Royaume-Uni sera un pays tiers », estime un officiel européen. « Nous resterons des alliés, des partenaires, des amis », affirmait M. Barnier dimanche. « Amis et voisins », a dit Mme May, en parlant du Brexit, son pays ne quittant pas l’Europe pour autant ! Tout cela ressemble à la méthode Coué ! Que du bavardage, un divorce à l’amiable restera toujours un divorce !
pm