Peu importe que Donald Trump trouve les propos d’Emmanuel Macron insultants en ce qui concerne la fondation d’une armée européenne. Il a prétendu qu’il était indispensable de défendre notre continent contre des grandes puissances, comme la Russie, la Chine et dans une moindre mesure les USA. Cela n’a pas été du goût du président américain. « Le président Macron vient de suggérer que l’Europe construise sa propre armée pour se protéger contre les Etats-Unis, la Chine et la Russie », a tweeté M. Trump au moment même où Air Force One atterrissait à Paris. « Très insultant mais peut-être que l’Europe devrait d’abord payer sa part à l’OTAN que les États-Unis subventionnent largement ! » Il est à prévoir que la rencontre ce matin entre Donald Trump et Emmanuel Macron au Palais de l’Élysée soit glaciale. Et pourtant tout c’était bien passé jusqu’alors. Avec 60 chefs d’États, le président américain participera demain à la cérémonie commémorant la fin des hostilités il y a cent ans de la guerre 14-18. Je donne raison à Macron de réclamer que l’Europe soit en mesure de se défendre avec ses propres moyens, n’en déplaise à certains. Donald Trump a été, par son attitude belliqueuse envers l’UE, à l’origine d’un refroidissement des relations diplomatiques. Il est évident que dans la situation actuelle nous ne pouvons plus compter à 100 % sur le soutien américain en cas de conflit. Il serait temps que nous prenions nos responsabilités. L’annonce d’une guerre commerciale est un élément perturbateur, qui devrait nous inciter à prendre du large.
Mais il y a aussi une arrière-pensée de politique intérieure dans les propos du président Macron. La leçon des deux guerres mondiales démontre qu’il faut absolument arriver à une unité plus grande des pays du continent, ceci pour éviter des conflits internes, qui embraseraient ensuite la terre entière. Avec une armée continentale il serait possible d’étouffer dans l’œuf toute amorce de guerre fratricide. Avec une direction commune, il serait plus périlleux de faire cavalier-seul, comme c’était le cas de l’Allemagne au 20ème siècle. Et puis il y a encore un élément de taille. Voulons-nous être dominé par les USA à l’avenir ? L’ingérence de Washington devient de plus en plus pénible à supporter parce que le locataire de la Maison Blanche se croit permis de nous faire la leçon ! Soixante-treize ans après la fin des hostilités sur le territoire européen, il serait temps que nous agissions indépendamment. Tout en reconnaissant les grands mérites des Américains, qui sans leur intervention dans les deux conflits, nous serions soumis au totalitarisme. Mais il serait temps que nous prenions notre destin en main. N’en déplaise aux États-Unis ! L’Europe pourra vraiment se faire, que si les nations qui la composent se départissent de la tutelle des grandes puissances. Il sera difficile de faire comprendre la portée de la déclaration d’Emmanuel Macron au président américain, mais c’est un acte d’indépendance. Il faut qu’il comprenne enfin qu’il ne peut pas agir comme bon lui semble, qu’il faut aborder ses alliés d’une manière plus respectueuse. Je trouve bon que la politique ait pris dans ce cas-là la relève de la diplomatie. Il faudra tenir bon !
pm