Au petit matin, être confronté à deux évènements que je qualifierais d’essentiels, est un exercice peu aisé lorsqu’on a encore du sable dans les yeux. Il y a d’une part l’élection du populiste d’extrême-droite Jair Bolsonaro au Brésil qui a obtenu 55,13 % des voix, de l’autre la débâcle en Allemagne des chrétiens-démocrates et du SPD aux élections régionales de Hesse. Dans ce Land il y a aussi eu une forte percée de l’AfD, qui a obtenu 13,1 % des voix et est ainsi représenté dans tous les parlements régionaux de la République Fédérale. Y-a-t-il un lien commun entre le Brésil et l’Allemagne ? Pas encore, mais cela risquerait d’arriver, si la situation des partis au pouvoir se détériore encore. Nous assistons à un raz-le-bol qui ne présage rien de bon. Le libéralisme politique bat de l’aile. Ce qui est inquiétant c’est l’espoir qu’un homme ou une femme de poigne réussisse à sortir le pays du marasme. Le leader providence que Bolsonaro est pour la majorité des citoyens brésiliens, est un leurre. Il ne combattra ni la corruption, ni le clientélisme! Ces derniers n’ont pas tenu compte qu’il est un néofasciste, un proche des militaires et qu’il n’hésitera pas de transformer la nation en une dictature. Comment les gens ont-ils pu plébisciter un homme qui n’hésite pas de prôner l’exclusion, qui s’en prend aux minorités, qui met au pilori les homosexuels par exemple ? Sera-t-il enclin de passer le Kärcher pour effectuer le grand nettoyage ? Je crains fort que les prisons se remplissent, que la torture et la mort soient à l’ordre du jour, comme il est de coutume dans une dictature.

En Allemagne rien de tel, pour l’instant du moins. Le gouvernement de coalition à Berlin a une dernière chance pour redresser la barre. Réussira-t-il à dissiper la méfiance des citoyens ? Cela me paraît difficile dans l’État d’esprit dans lequel se trouve le peuple. Mais tous les atouts ne sont pas perdus. En renforçant de manière considérable les Vert, que ce soit en Bavière ou en Hesse, les électeurs ont marqué un signal. Ils ne veulent pas que la gauche modérée soit exclus du débat politique de ces prochaines années. Est-ce une réponse suffisante pour contrecarrer la montée irrésistible des populistes ? Tout dépend de Madame Merkel et de Madame Nahles. Les deux femmes auront-elles assez de poigne afin que le climat politique s’améliore ? La question se pose si la CSU, le fauteur de troubles de ces derniers mois fasse amende honorable et se soumette à la discipline qu’en attend d’un gouvernement ? Au lieu d’attiser des conflits caractériels, il serait plus opportun de se remettre au travail. Toutes les bonnes initiatives qui ont été prises ces derniers mois sont passées sous silence à cause d’un ego blessé, celui de Monsieur Seehofer, le ministre de l’intérieur. Il porte une grande responsabilité du déclin des conservateurs. S’il y avait des élections fédérales dimanche prochain, ils ne récolteraient que 24 %. On est loin des 40 % et plus. Le destin de l’Europe toute entière se jouera à Berlin, qu’on le veuille ou pas. Si on ne veut pas obtenir des résultats à la Brésilienne, les partis seront obligés de revoir complètement leur copie. Sont-ils en mesure de le faire ? Je crains qu’à l’heure actuelle ils ne puissent pas redresser la barre.

pm

https://www.lemonde.fr/ameriques/live/2018/10/28/election-au-bresil-jair-bolsonaro-et-l-extreme-droite-aux-portes-du-pouvoir_5375842_3222.html

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