Au lieu de rendre hommage à Kofi Annan, l’ancien secrétaire général des Nations Unies, en relatant son courage, sa détermination à faire passer l’homme avant toutes considérations politiques, je veux essayer de symboliser son œuvre par le refus des gardes-côtes italiens de laisser se noyer 177 migrants au large de Lampedusa. Ces marins ont refusé de suivre les ordres de Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur, de les laisser « barboter » dans les eaux de la Méditerranée jusqu’à mort s’en suive, car c’était aux Maltais de s’en occuper. Ils ont sauvé ce qui restait comme honneur aux Italiens. Un gouvernement qui est devenu à mes yeux criminel et qui devrait être mis en accusation par la Cour pénale internationale de la Haye, un organisme créé par Kofi Annan. „Nous sommes des marins, des marins italiens. Nous avons 2.000 ans de civilité derrière nous et ces choses-là, nous les faisons“, avait déclaré quelques jours plus tard le commandant des garde-côtes, l’amiral Giovanni Pettorino, sans pour autant faire directement référence à l’incident. J’ai repris de toute pièce cet extrait d’un article du Nouvel Obs, car il n’y a rien à y ajouter. Je pense que Kofi Annan aurait pu dire la même chose. La désobéissance civique est pour moi une nécessité absolue, lorsque les gouvernants blessent à ce point la Charte des droits des hommes. Seul les considérations morales comptent, pas les dérapages de certains politiciens, comme à l’époque George Bush junior, qui après les attentats de New-York du 11 septembre 2001, a déclaré injustement la guerre à l’Irak. Kofi Annan s’y était opposé. C’est un exemple que chacun d’entre-nous devrait suivre, s’il y a blessure de l’éthique. C’est elle qui a la priorité absolue. S’il y avait eu plus de résistance à l’époque nazie provenant du peuple allemand, il n’y aurait pas eu Auschwitz.
Lorsque j’entends que les ordres sont les ordres, cela passe horriblement mal chez un être épris de liberté comme moi. Je suis d’avis que chaque individu porte sa part de responsabilité et ceci indépendamment des dirigeants qui gouvernent le pays. Il faut faire barrage à Matteo Salvini ! C’est ce que j’attends des Italiens, mais j’ai de grands doutes que cela soit possible. Peu d’hommes portent « des couilles » comme l’amiral Giovanni Pettorino et se sont mutés en des moutons. J’aurais plus d’espoir du côté des femmes, car elles peuvent bien ressentir ce qui se passe chez les mères qui voient que leurs enfants sont en train de mourir, car un néofasciste à Rome croit pouvoir jouer du pouce comme un empereur romain dans une arène. D’avoir le droit de vie et de mort ! Je pense pouvoir dire que Kofi Annan aurait condamné de manière véhémente de tels agissements. Où sont ceux qui prennent la relève, qui jettent l’anathème sur de tels personnages ? La communauté internationale, en particulier l’UE, devrait sanctionner une telle attitude. Mais comme elle a laissé l’Italie livrée à elle-même, concernant les migrants, il ne faut pas s’étonner qu’on en soit arrivé à cette démesure de cruauté. Cela démontre l’aveuglement du tout un peuple, qui se rend régulièrement à l’Église. J’attends du Pape François, que je vénère, qu’il soit plus incisif en ce qui concerne l’Italie et sa politique migratoire. J’aimerais qu’il fasse un faux-pas diplomatique, qu’il se réfère à Kofi Annan et condamne ouvertement Salvini ! Ce serait le seul moyen d’arrêter ces monstruosités.
pm