Afin de m’acculer à la ruine, un de mes créanciers augmente, sans tenir compte de ma situation économique, le taux des intérêts que je lui dois. Comme je suis dépendant du bon vouloir des banques, mes réserves s’amenuisent comme un iceberg soumis au réchauffement climatique. Comme débiteur on ne me fait plus confiance, ce qui pourrait avoir comme conséquence la banqueroute. Je suis fier et ne veux pas me soumettre au chantage, quitte à subir des attaques de toutes parts. Plutôt quitter la scène la tête haute, que de me vautrer sur le sol. C’est ce qui se passe actuellement du côté d’Ankara. Nous avons à faire à un président qui a une peur endémique de passer pour un perdant, un de ceux qui ne veut pas reconnaître qu’il y a plus fort que lui. Psychologiquement une attitude compréhensible, même si elle est complètement destructive. Recep Tayyip Erdogan, c’est de lui qui s’agit, s’est engagé dans un bras de fer avec Donald Trump. Les tensions sont dues à la mise en accusation du pasteur américain Andrew Brunson, actuellement jugé en Turquie pour « terrorisme » et « espionnage », et placé à la fin du mois de juillet en résidence surveillée après un an et demi de détention. Il pourrait écoper de 35 ans de prison pour avoir voulu, d’après les dires des juges, engendrer un « coup d’État ». En arrière-plan il y a l’exile aux USA de Fethullah Gülen, un prédicateur accusé par Erdogan d’avoir voulu le renverser lors du putsch raté de 2016. Le président turc exige que Washington le lui remette. Même si je n’aime aucunement le potentat du Bosphore, je suis très inquiet de la méthode utilisée par Trump. J’y vois quelques parallèles à la guerre des clans menée couramment par les mafias entre-elles. Une attitude que je considérerais pas conforme aux règles démocratiques.
Du gangstérisme à la « Arthuro Ui » de Berthold Brecht. Le héros est un parrain, qui le cas échéant est Adolf Hitler. Il n’a pas le moindre scrupule d’employer des méthodes de chantage, dignes d’un polar écrit avec le plus grand cynisme. Je crains que le président des États-Unis ait endossé le faux costume. En augmentant les taxes douanières sur l’acier et l’aluminium de 25 à 50 %, il sait qu’il étouffera ce pays. Je trouve ce chantage guère digne, d’une nation qui prône le respect des règles démocratiques. Il n’en va pas pour moi du régime turc, que je trouve actuellement exécrable, mais des moyens employés. Malgré ses fanfaronnades Erdogan devra au bout du compte jeter l’éponge, s’il veut éviter la misère. C’est cette attitude du plus fort, qu’est Trump, qui aussi paradoxalement que cela puisse paraître, me met mal à l’aise. Je me dis que si au bout du compte Trump arrivait à son but, il pourrait appliquer cette méthode à tous ceux qui s’opposent à lui. Une évolution, qui comme dans les luttes menées par la mafia, aboutissent à la guerre. Mais tant que Donald Trump se prendra pour le grand caïd, nous vivrons comme sur un volcan. Peut-être qu’en fin de compte il devra céder, mais le mal qui aura été causé, sera pour des années un facteur d’instabilité. Que me reste-il d’autre à faire que de le condamner, même si sa démarche pouvait contribuer à la chute de Recep Tayyip Erdogan, que j’appelle de tous mes vœux en tant que démocrate.
pm