La « Mannschaft » n’a été que l’ombre d’elle-même au championnat du monde de football en Russie. À Sotchi elle a perdu 2 à 0 contre la Corée du Sud. L’élève modèle n’a été que l’ombre de lui-même, un spectre méconnaissable. Son élimination est méritée. Les joueurs qui sont d’habitude très structurés, ressemblaient à des poules dans un enclos devant lequel le renard se lèche les babines en pensant au bon repas qu’il fera. Une bande de joueurs affolés, qui ne savaient pas où donner de la tête. Le pays a été atteint de plein fouet. De la torpeur à tous les niveaux. Pour l’ancien champion du monde se retrouver dernier de son groupe, est pire que la punition d’un cancre, qui a été sommé de rester debout dans le coin de la classe en portant un couvre-chef affublé d’oreilles d’âne. Ce qui s’est passé dans la station balnéaire de Sotchi, est pour beaucoup d’Allemands le miroir de la situation politique actuelle de leur nation. Une situation bancale, où une chancelière affaiblie, essaie de se maintenir au pouvoir face aux attaques incessantes de ses amis conservateurs de la Bavière, le CSU. Un conflit qui ressemble à celui d’un couple, qui ne se supporte plus et qui prend le prétexte de la politique migratoire de Madame Merkel pour attiser le feu. Au bout du compte il y aura probablement un compromis afin d’éviter la chute du gouvernement. Mais la braise continuera à se consumer.
Il est possible de comparer la défaite de la « Mannschaft » à l’attitude des citoyens démocrates face à la menace droitière des fascistes en herbe que sont un grand nombre de membre de l’AfD. Ce parti espère qu’il y ait le plus de désordre possible à la tête de l’État, afin de gagner des voix. Une stratégie qui ressemble à celle de Matteo Salvini de la Legua en Italie : celle de l’autoritarisme. Lorsqu’on sait que les Allemands détestent au plus haut point ce qui fait désordre, il y a de quoi être inquiet. Ils ont l’impression que les gouvernants pratiquent la méthode du rafistolage. Celle de vouloir corriger le tir avec des mesures thérapeutiques, comme c’est le cas avec l’homéopathie. Un procédé qui prend un temps infini. C’est ce que Joachim Löw, l’entraîneur de l’équipe nationale, a essayé de faire, ne voulant pas bousculer certains joueurs, qui avaient dépassé depuis un certain leur zénith. Comme Angela Merkel, il est à la tête de la « Mannschaft » depuis de longues années. Peut-être la raison d’un phénomène de lassitude, l’impression qu’il n’avait plus le punch, comme elle, pour mener les affaires d’une manière offensive. Mais tout cela est de la théorie lorsqu’on sait que l’alternative serait la montée inexorable du totalitarisme. C’est cette situation qui paralyse le gouvernement, d’autant plus qu’il y a en son sein, des éléments qui louchent du côté de la droite musclée. Du côté des sociaux-démocrates il y aussi du piétinement. Le parti ne sait plus à quel saint se vouer d’autant plus qu’il a perdu une partie de sa clientèle traditionnelle, qui s’est laissée tentée par le populisme. « Les Allemands d’abord ! » Un slogan qui semble faire impression dans les couches laborieuses de la nation. La « Mannschaft » rejoindra aujourd’hui Francfort, l’échine courbée. Comme le peuple qui est pris de lassitude. Un situation qu’il encaisse au plus mal et qui pourrait le pousser à se lancer dans une aventure désastreuse.
pm