Alfred Jarry aurait eu du plaisir à observer le Roi Ubu du 21ème siècle, qu’est la girouette Donald Trump. Au sujet du G7, il est entré dans un magasin de porcelaine comme le légendaire éléphant qui a tout cassé ce qui était à portée de vue. Il a réussi ce qu’aucun président depuis la guerre a pu faire, se mettre à dos les anciens alliés des États-Unis. Assez écris à ce sujet. Pour redorer le blason, le voilà à Singapour, où il vient de rencontrer le petit dictateur de la Corée du Nord, Kim Jong Un. Il a gonflé ce ballon de baudruche, qu’est cet événement, comme il n’est pas permis de le faire. Regardez-donc dans votre Atlas. Vous vous rendrez-compte de la démesure de cette rencontre. Bien sûr, Pyongyang dispose actuellement de l’arme atomique, ce qui lui donne évidemment de l’importance. Mais vouloir comparer ce qui s’est passé au Canada avec cette première rencontre, serait insensé. Comme coup médiatique c’est assez réussi, mais il faut espérer que les journalistes sauront placer cette rencontre dans son vrai contexte. À l’instant, où je vous écris, il y a séance plénière entre les deux délégations. Je pense qu’au terme de cette conférence, il sera possible de rédiger un communiqué assez lyrique, mais qu’en sera-t-il du contenu ? Il est encore trop tôt pour le savoir, mais je peux m’imaginer que ce seront de belles déclarations d’intention, mais il est impossible d’entrer dans les détails, car la préparation de ce face-à-face a été plutôt bancale.
Mais même s’il y avait des déclarations dithyrambiques, elles n’auraient pour moi guère de poids, car Donald Trump est le champion de la volte-face. Il est dans l’incapacité complète de donner sa parole. Tout ce qu’il dit maintenant peut-être demain de la chienlit. Il s’appuie sur des mensonges, ce qu’il a démontré au G7. C’est un homme avec qui il est impossible de négocier. Son voyage à Singapour a en premier lieu le rôle d’amadouer ses électeurs. « Ils me traitent d’idiot et voilà ce que je suis en mesure de faire ! » Pour lui il en va de son avenir. Les élections du mois de novembre, où seront remplacés la moitié des députés et des sénateurs au Congrès, est avant tout sa motivation. 5 heure 48. La séance-plénière est arrivée à son terme. Tout le monde semble plus que satisfait. Les journalistes ont posé trois fois la question à Kim Jong Un, ce qui en était avec le nucléaire, ils n’ont pas eu de réponse. C’est avant tout les résultats qui comptent. Le chef de la Corée du Nord le sais. Je peux m’imaginer que comme asiatique il saura assez bien négocier pour en tirer avantage. Trump est dépendant d’un succès, ce que son interlocuteur sait parfaitement. Puis il y la question « temps », qui est complètement différente. Pour Kim cela se traduit en décennies. Maintenant nous en sommes arrivés au repas. Les deux hommes d’État sont d’avis que c’est un bon commencement pour la paix. Lorsqu’on a un peu d’expérience avec ce genre de conférences, il sera nécessaire d’éplucher chaque mot du communiqué pour essayer de faire une analyse. Ce ne sera pas la mise-en-scène qui comptera, mais bien le concret. Pour l’instant ce n’est pas la préoccupation majeure de Trump. Les images comptent plus pour lui que le contenu. « Mon ami Kim ! »
pm