Pour un viol d’une gosse de 11 ans commis en 2009, un homme de 30 ans a été acquitté par une cour d’assise en Seine-et-Marne. Son méfait ne serait pas caractérisé, d’après les juges. Il n’y aurait pas eu traces de violence sur son corps. D’après l’accusé la fille aurait menti en lui indiquant qu’elle allait bientôt avoir 15 ans. Les parents ont découvert que leur enfant était enceinte. Leur petit-fils a maintenant 7 ans et a été placé dans une famille d’accueil. Je ne sais pas trop quoi dire après avoir lu cet article sur le site internet du « Nouvel Observateur ». La personne incriminée avait 22 ans à l’époque de ces faits. Il se peut bien que la fille faisait plus âgée qu’elle était en réalité. Mais 14 ans, comme elle l’avait indiqué, est bien jeune. Il faut être assez naïf de se laisser entraîner ainsi pour assouvir ses envies. Dans les temps qui courent, où il est question constamment d’abus sexuels, cet arrêt de justice est hors-normes. D’un côté je trouve bien que le tribunal ne s’est pas laissé influencer par l’atmosphère générale, de l’autre cela me gêne qu’il s’en sorte ainsi. L’avocat général avait requis 8 ans de prison et après la peine, un suivi socio-judiciaire. J’aurais dans ce cas-là plaidé pour une peine plus légère, mais je ne l’aurais pas acquitté pour autant, car cet arrêt aurait dû être à mes yeux un avertissement aux jeunes d’être plus prudents.

On peut admettre qu’à son âge la jeune fille ne se rendait pas compte de la portée de ce qui s’est passé. Et comme d’habitude c’est à l’enfant de payer les pots cassés. C’est à lui que je pense tout particulièrement. Non, je ne m’associerai pas à la chasse aux sorcières que nous vivons actuellement, où la délation semble avoir haute conjoncture. Il faut être très prudent avant d’accuser quelqu’un de viol quel que soit son sexe. Il faut bien entendu poursuivre sévèrement les cas qui s’avèrent être exacts, mais cela me gêne que cela se fasse sur la place publique, car je crains le lynchage. Un peu plus de discrétion ne serait pas négatif. Cela ne veut pas dire d’ignorer les viols, au contraire. Au cours de ma vie professionnelle je suis tombé sur de soit-disant affaires, qui après enquête ont été dévoilées comme des actes de vengeance. J’ai rencontré des hommes qui ont été brisés par ce qu’on leur reprochait, car dans de tels cas, à moins de traces de lutte, il est quasi impossible d’affirmer qu’il n’y avait pas consentement mutuel. Au point de vue juridique, l’avocate avec qui je travaillais pour présenter une fois par mois de telles affaires à la télévision, m’avait dit qu’elle ne pouvait jamais être tout à fait sûre que ses clients disent la vérité. Elle ne pouvait que se fier à son instinct. Mais comment procéder dans tels cas ? La police se trouve devant le même dilemme. Il y a toujours la peur justifiée qu’on laisse en liberté un obsédé sexuel, qui pourrait être comparé à un revolver non sécurisé. Se fier complètement sur les analyses des psychiatres est tout aussi délicat. Il y a eu trop de pannes, qui ont souvent eu des conséquences mortelles. Lorsqu’ils ont affaire à des malades pratiquant la simulation d’une manière virtuose, il est pour ainsi dire impossible d’être sûr de son jugement. C’est de la roulette russe. Au moindre doute, la protection de la population à la priorité. Cela peut être injuste mais que faire ?

pm

https://tempsreel.nouvelobs.com/justice/20171111.OBS7244/un-homme-accuse-d-avoir-viole-une-fille-de-11-ans-acquitte-par-une-cour-d-assises.html

Pierre Mathias

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