Le 11 novembre, fin de la première mondiale ; le 11 novembre début du carnaval en Rhénanie. Je ne mets pas ces deux événements en parallèle sans une arrière-pensée. Quelle tristesse que les hommes trouvent toujours le moyen de faire la guerre au lieu de faire la fête. Des centaines de milliers de morts en 14-18 en Allemagne comme en France et ceci pour strictement rien ! Une absurdité, une calomnie, une blessure qui restera à tout jamais béante. Emmanuel Macron et son pendant allemand, Frank-Walter Steinmeier, ont inauguré un mémorial et un musée en Alsace, au sommet du Hartmannswillerkopf (Haut-Rhin), où 30.000 soldat sont morts. Cela pour quelques mètres d’un côté coté comme de l’autre. Afin qu’un tel drame ne se reproduise plus, il faut mettre tous ses efforts dans la construction de l’Europe. Manquera au rendez-vous la Grande-Bretagne qui a tourné le dos à l’UE. Et pourtant d’innombrables combattants britanniques ont été tués dans le Nord de la France. Le Brexit planera encore longtemps sur tous ceux qui veulent se tendre la main et promouvoir la paix. Je ne comprends pas ce manque de sens de l’histoire et ceci que par égoïsme. C’est dans ce contexte qu’il est possible de prendre la vraie mesure du discours du président français sur une réforme de fond de l’UE à la Sorbonne cet été. Frank-Walter Steinmeier le soutient de toutes ses forces, mais il ne peut qu’espérer que le nouveau gouvernement prendra note de ses vœux. En Allemagne il n’a pas de pouvoir politique. Il ne peut que faire des propositions, pas plus. Vient s’ajouter à tout cela le fait qu’il est issu du SPD, qui se prépare à prendre son rôle dans l’opposition. Il n’a pas d’alliés dans les formations qui représenteront l’exécutif.

Il faudra avant tout convaincre Madame Merkel du bien-fondé de la démarche française concernant l’Europe. Je n’espère pas qu’elle emploiera que de belles paroles pour enterrer le projet Macron, comme elle a eu souvent tendance à le faire dans le passé. Elle doit se rendre compte de la valeur d’un tel projet, mais il se pourrait bien qu’elle craigne les critiques qui peuvent s’abattre sur elle. Comme elle n’a plus rien à perdre, je prendrais à sa place conscience du rôle historique qu’elle doit jouer. Sans l’amitié franco-allemande rien ne se fera sur le continent. Elle devrait avoir le même élan que le chancelier Adenauer et le général de Gaulle lorsqu’ils ont pris la décision de rejeter la passé. Il me vient une idée. Il y a des années j’ai tourné un film à Verdun. Près des tranchées, où les soldats des deux côtés fêtaient Noël ensemble, avant de continuer à se massacrer, ont ne pouvait pas aller dans le sous-bois, parce que sous la couche d’humus, il y avait encore d’innombrables squelettes. J’aimerais inviter Angela Merkel à s’y rendre avec moi et d’y passer une journée dans le silence. C’est vraiment dans de tels endroits, qu’on ressent le besoin de se dépasser en ce qui concerne la pérennité de la paix. Malheureusement la guerre vient plus abruptement qu’on le croit. Cela a été le cas en 14, où au cours des années précédentes personne n’aurait pu imaginer un tel désastre. Grâce à l’Europe unie, nous avons 72 ans de paix. C’est la première fois dans l’histoire qu’une telle chose a pu avoir lieu en Europe. Nous ferions bien de ne pas détruire l’UE. C’est ce que je dirais à la chancelière. Rien de plus !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/11/10/dans-les-vosges-les-presidents-francais-et-allemand-defendent-l-idee-d-une-souverainete-europeenne_5213444_3214.html

Pierre Mathias

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