Mon but n’est pas de faire un portrait de Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, mais plutôt de parler des qualités et des aléas de la communication. Il est vrai qu’en politique elle a pris une place essentielle qui parfois à un rôle simplificateur, qui a pour but d’escamoter des informations importantes des sujets présentés, ce qui est néfaste. Je comprends parfaitement le Président Macron, lorsqu’il dit ne pas être un amateur de ce genre de joutes, mais elles sont essentielles si on doit faire passer des messages. Pour moi, dont c’est mon métier depuis des décennies, je me suis fixé une règle absolue, c’est de respecter tous ceux à qui je m’adresse, ceci en tant que journaliste et de rédacteur. L’expérience m’a démontré que le public est bien plus averti, que ce qu’on veut nous faire gober. Rien est plus déshonorant de croire qu’il n’est possible d’atteindre le peuple qu’en ayant un discours simpliste dans le fond et dans la forme. Vouloir adopter un langage bancal, parce que l’auditoire n’a peut-être qu’un certificat d’études en poche, est pour moi la forme absolue du mépris. J’ai été souvent surpris du bagage intellectuel qu’avaient des ouvriers et des paysans. Il ne me serait jamais venu en tête de les mépriser, au contraire. J’ai toujours demandé aux collègues dont j’avais la responsabilité de peaufiner leurs textes, pour des journalistes de la télévision pas une évidence, car ils font tout d’abord parler – avec raison – l’image. Je suis d’avis, comme vous pouvez vous en apercevoir dans mes articles que je publie sur Facebook, de ne pas ménager mes lecteurs en leur donnant une version « Reader’s Digest » des sujets que j’expose. Comme je ne peux pas approfondir en une seule fois ce que je veux exposer, une lecture suivie de mes textes donnera un aperçu assez profond d’une situation politique ou d’un problème de société. C’est ma ligne éditoriale. Et ce qui est essentiel dans cet exercice, c’est de parler à la première personne, de donner un avis. Il n’en est pas différemment dans la communication d’un gouvernement.
Pour toucher les uns et les autres, il faut abattre certains murs, sans pour autant se mettre à nu. L’aspect émotionnel ne peut que passer qu’en levant un peu le voile. Lorsque dans l’interview qu’Emmanuel Macron a donné aujourd’hui dans le « Spiegel », il parle des enfants et des petits-enfants de sa femme, qu’il considère comme étant les siens, il touche ses lecteurs en racontant qu’ils courent au travers des salons mordorés de l’Élysée et jouent dans le parc, comme c’est sûrement le cas dans leur maison en Normandie. Il donne ainsi accès à sa fonction. À sa personne en évoquant ses écrivains et ses compositeurs préférés. Et ceci d’égal à égal ! Le message qu’il fait ainsi passer est d’une part les charges qu’un président doit endosser, de l’autre que lui aussi est un être humain avec ses défauts et qualités. Un aspect essentiel de la communication est l’honnêteté et le courage. Il ne faut pas essayer de dissimuler les difficultés derrière un voile diffus. J’essaie d’écrire toujours ce que je pense, même si pour certains cela pourrait être une ineptie. En choisissant une telle option, il est possible de se forger un profil. C’est tout aussi bien pour un président que pour le journaliste que je suis !
pm