Aujourd’hui les Allemands élisent les députés du Bundestag. Le parti majoritaire présentera alors son candidat pour la chancellerie. D’après les sondages d’opinion, ce sera une fois de plus Madame Merkel. Cela peut être considéré un peu comme de la routine. Mais dans ce contexte, il faut l’avouer un peu ennuyeux, il y aura un trouble-fêtes. Il s’avère être sûr que l’AfD, le parti aux tendances néonazies, fera son entrée au parlement fédéral, ce qui aux yeux d’un grand nombre d’entre-nous, est une catastrophe. Il est évident que les autres partis devront redoubler de vigilance afin que ce mouvement ne croisse pas encore plus. C’est probablement la vague des migrants qui lui a donné cette dynamique. Mais il n’y a pas que ça. Beaucoup de personnes veulent en découdre avec le passé. Elles ne sont pas, quelque soit leur âge, de la génération ayant vécu Hitler et son régime. Les seniors étant nés dans les années 30 et 40 étaient alors trop jeunes pour être considérés comme des protagonistes de la terreur. Ses adeptes sont d’avis qu’il n’y a plus de quoi avoir mauvaise conscience en ce concerne le passé. Le nationalisme est pour eux une identité enfin retrouvée. Leur racisme et leur xénophobie sont pour eux une forme de patriotisme, ce qui insupportable. Ils se considèrent comme les dignes héritiers de l’Allemagne éternelle. Il serait à mon avis trop aisé de tirer des lignes parallèles entre l’AfD et le FN. Il y a certes un langage qui est identique, mais les faits historiques ne sont pas comparables. Ici il pourrait s’agir d’une renaissance de ce qui a été considéré jusqu’à ce jour comme étant la réincarnation du mal. Et ceci dans un pays ayant connu la dictature, l’arbitraire.

Qu’on le veuille ou non, la République Fédérale traîne les années brunes derrière elle comme un boulet arrimé à une cheville. Dans ce contexte il ne faut pas oublier l’ex-RDA, qui a connu un régime autoritaire jusqu’en 1989. Le faits que des partisans de l’extrême-droite soient présents au sein du Bundestag n’est pas une bagatelle. C’est la preuve évidente, que les démons du passé ont refait surface. Aucun démocrate ne doit détourner son regard sur des faits, qui pourraient bien apporter la haine et l’exclusion. Comme membre du SPD j’aurais plutôt tendance à penser que le parti se retire dans l’opposition. Ceci du point de vue strictement partisan. De l’autre il est évident pour moi – en cas d’un plébiscite plus grand que prévu de l’AfD – que les sociaux-démocrates ne peuvent pas rester passif aux événements et que leur rôle serait de participer au prochain gouvernement. Il s’agirait dans ce cas-là d’activer toutes les forces démocratiques pour mener une lutte fondamentale contre cette montée du populisme. Vouloir se retirer dans l’opposition n’est pas bénéfique dans ce cas-là. Nous verrons ce soir ce qu’il en est. Le tout est si compliqué car une nation toute entière vit une crise identitaire. Tout ce qui avait été camouflé par le boom économique revient à surface. Il ne peut pas être question comme 1933 d’un vote protestataire contre la régression. L’Allemagne se porte bien, il y a peu de chômage et malgré toute cette montée de l’extrême-droite. Un moyen pour les têtes brûlées de verser de l’huile dans le feu au nom du nationalisme !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/09/23/angela-merkel-et-martin-schulz-deux-candidats-aux-parcours-tres-differents_5190230_3214.html

Pierre Mathias

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