François Hollande a raison lorsqu’il a déclaré à Angoulême, lors du festival du film francophone, qu’il ne fallait pas prendre dans le cadre du nouveau code du travail des mesures qui ne soient pas vraiment efficaces. Si on demande aux salariés de faire des sacrifices, il faut pouvoir donner une réponse claire et leur expliquer que c’est un investissement pour l’avenir, que ce sera le seul moyen de sauvegarder et de créer des emplois. Le principe du boulot-dodo, où le patron dispose et l’employer se soumet, faute de perdre sa place et du même coup son sommeil, ne peut pas perdurer. Pour que le travailleur soit disposé à mettre la main à la pâte, il doit se sentir considéré. Et c’est justement où le bât blesse dans bien des cas en France. Je ne reviendrai pas aujourd’hui sur les dispositions que sont en négociation jusqu’à la fin du mois, bien plus sur l’aspect psychologique qui est à la source des tensions qui existent entre le patronat et les employés. Depuis des années la méfiance est de mise, ce qui rend les débat si difficiles. Bon nombre de salariés se sentent lésés et du même coup méprisés par des patrons qui prétendent que leur personnel les trait comme des vaches à lait, que beaucoup de collaborateurs sont des fainéants et que de ce fait le travail en souffre. Et j’en passe ! De l’autre côté de la barricades les chefs sont traités de négriers, de Draculas.. Toute une panoplie d’injures plus ou moins justifiées. Dans de telles conditions il serait naïf de croire que ce beau monde va se tomber dans les bras, parce qu’Emmanuel Macron le veut ainsi. Il y a eu trop de terre brûlée de part et d’autre pour s’attendre à des miracles. Je ferai là le reproche aux partenaires sociaux d’avoir une vue ringarde des rapports qui devraient exister au sein de l’entreprise. Les uns et les autres ne semblent pas comprendre que sans coopération il ne peut pas y avoir d’avenir.

Je préconise depuis des années que les patrons et les syndicats se mettent d’accord pour un partage équitable des responsabilités, comme cela se pratique depuis la guerre en Allemagne. Les uns et les autres devraient se dire que la lutte des classes est une relique du passé. Je sais, je me répète peut-être, mais je n’arrive pas comprendre que personne n’est décidé d’aller bien plus loin qu’un simple rafistolage. J’espère que la montagne n’accouchera pas d’une souris. J’ai bien peur qu’Édouard Philippe fasse des comptes d’apothicaire au lieu d’avoir le courage de se lancer dans une opération génératrice d’espoir. Dans quelques jours je saurai si mes craintes sont justifiées ou non. Les syndicats quant à eux, devraient faire des propositions comment ils s’imaginent l’avenir économique de la France. Le Medef ferait bien de faire une cure de jouvence et jeter par dessus bords ses principes datant d’un autre temps. Une chose est évidente, on ne tirera pas la France d’affaire en étant frileux et timoré. Je comprends d’une part que le président de la République ne veut pas envoyer aux calendes grecques des décisions qui sont des plus urgentes, mais si on veut lancer des réformes fondamentales, il n’est pas possible d’en discuter au coin d’une table. Ces mesures concernent tout le monde. Lançons un débat national pour éviter la grève.

pm

http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20170822.OBS3676/social-hollande-conseille-a-macron-d-eviter-des-sacrifices-pas-utiles.html

Pierre Mathias

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