Le juriste américain Cass Sunstein nous met en garde contre une radicalisation des avis, quand des personnes d’un même bord créent un site thématique. Il faut au contraire mettre en place des outils qui incitent à la pluralité, déclare-t-il. Je peux parfaitement suivre sa pensée, car ce n’est que grâce à elle que la démocratie peut vivre. Mais c’est justement sur internet qu’il s’avère à quel point il est difficile de trouver des interlocuteurs venant de tous bords avec qui on peut dialoguer. En ce qui me concerne j’ai pris le parti de m’exprimer en tant que journaliste sur Facebook en essayant d’étendre les sujets à tous azimutes. Cela demande beaucoup de travail, mais je le trouve nécessaire car il reproduit ce qui se passe effectivement en Europe et dans le monde. Reprendre l’actualité et essayer de la traiter sous un autre angle tel est mon but. Je le fais pour les amis mais aussi pour moi-même afin de mieux comprendre ce qui se passe autour de nous. Dès le début je n’ai pas cherché à faire de sélections, au contraire. J’aurais trouvé mal à propos de faire de ma page un lieu élitaire. Tout le monde y est le bienvenu ! J’expose certes un point-de-vue subjectif, sans chercher à l’imposer. J’attends avec curiosité tous arguments pouvant réfuter telle ou telle thèse. Je pense que c’est cela que Cass Sunstein voulait dire.

Mais je dois aussi constater qu’il n’est pas possible de monter une plate-forme cultivant la contradiction, sans l’apport des autres. Et c’est bien là qu’il faut faire attention. Si on s’entoure d’emblée de connaissances, la tentation de monter une chapelle est grande et ne pourra pas remplir les souhaits escomptés. Il faut s’ouvrir à plus de milieux, c’est ce que j’ai fait consciemment. Partant de l’idée que ce serait mon petit journal, j’ai la volonté de toucher le plus de monde possible. À quoi bon convaincre des convaincus ? Cela ne remplirait en aucune manière ce qui est pour moi l’information politique, économique, philosophique ou culturelle. C’est à dire une approche diversifiée de faits objectifs. Cette remise en question doit aussi se faire sentir à tous les niveaux de la société. Mêmes les politiciens que je soutiens auront leur part de critique, si je pense qu’elles sont justifiées. Le débat en ligne peut briser certains tabous en donnant à chacun un forum, où il peut s’exprimer. Mais cela ne devrait pas aboutir sur du n’importe quoi. C’est justement là que réside le danger de la censure. Je la condamne unilatéralement tant que les propos exprimés ne s’en prennent pas à la vie privée d’une personne. Mais là aussi c’est une arme à double-tranchant. Je préfère de loin le droit de réponse, où toutes victime d’attaques injustifiées peut répliquer. Évidemment le dernier recours est la justice, mais que faire si l’attaquant est anonyme ? Ne faudrait-il pas donner à l’internaute les moyens de se défendre ? Cela voudrait dire de le former à ce genre d’exercice. En poussant le pion plus loin on tombe sur la case des fake news. Il est très ardu de faire la différence entre la réalité et la fiction. C’est la raison pour laquelle je conseillerais à tous de recouper les informations. Si on a le moindre doute il ne faut pas les propager.

pm

http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/08/03/debat-en-ligne-quand-des-personnes-de-meme-avis-ne-parlent-qu-entre-elles-elles-ont-tendance-a-se-radicaliser_5168233_3232.html

Pierre Mathias

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