Recep Tayyip Erdoğan a tout fait pour empoisonner les relations entre l’Allemagne et la Turquie. Sigmar Gabriel, le ministre des affaires étrangères de la République Fédérale, a recommandé à l’industrie de ne plus investir de l’argent dans un pays qui montre tant d’hostilité contre le sien. Il a mis en garde les touristes de s’y rendre, ne pouvant pas garantir qu’il ne leur arrive pas quelque chose. Nous sommes arrivés à un palier où tout est possible. Ce qui se passe ici a une connotation toute particulière. Je pense aux millions de turcs qui vivent en Allemagne. Comment vont-ils réagir si la situation continue à se détériorer ? Pourrait-on en arriver à des troubles ressemblant à ceux qui se sont déroulés à la fin de la guerre d’Algérie entre les sympathisants du FLN et les adeptes de l’OAS ? N’oublions pas les personnes qui ont été jetées dans la Seine à la suite des émeutes du 17 octobre 1961. Ce qui avait passé des décennies sous silence est considéré aujourd’hui comme un massacre. Ce que fait le président turc afin de se faire passer pour le grand timonier est digne du comportement d’un apprenti-sorcier, qui ne veut qu’une chose, se faire remarquer, peu importe le danger de son action. En mettant le feu aux poudres il met ses compatriotes en Europe dans une situation précaire. Il risque de remettre en question un équilibre, qui jusqu’à présent était bénéfique aux deux pays.

Erdoğan qui se fait passer pour un nationaliste, amoureux de sa patrie, est en train de jeter du poison dans les puits, peu importe les conséquences que cela aura pour les hommes et femmes. Mais s’il en est ainsi, il n’y a pas de raisons que l’Allemagne se fasse traiter de tous les noms sans coups férir. S’il veut attiser le conflit et bien il aura la réponse qu’il mérite. Le conflit qui oppose ces deux pays, est devenu un thème de campagne pour les élections au Bundestag le 24 septembre de cette année. Ce qui risque de se passer est un bras de fer. Il ne faut pas oublier que près de 80% des turcs habitant en Allemagne soutiennent le président et son parti. Je peux bien m’imaginer que les autorités observeront de manière plus sévère les activités politiques de ces ressortissants et les interdiront si elles ne correspondent pas aux valeurs de la loi fondamentale. Et puis il y a un risque qu’il ne faut pas sous-estimer, celui d’une attitude de plus en plus fondamentaliste en ce qui concerne l’islam. Je ne peux que mettre en garde ceux qui seraient tenter de suivre une telle voie. J’ai eu toujours de la sympathie pour la communauté turque qui vit dans nos pays depuis des décennies. Je serais désolé qu’un mégalomane détruise tout et c’est ce qui peut se passer dans les prochains temps. Le temps des relations harmonieuses semble faire partie du passer, à moins que les immigrés se démarquent des visées populistes de ce triste sire. Que faire ? Je pense qu’il faut éviter tout amalgame entre les gouvernants actuels et un peuple qui à près de 50% ne les suit pas. Cela demandera beaucoup de doigté de la part des politiciens allemands. Je pense, les connaissant, qu’ils ne verseront pas de l’huile dans le feu. Mais il est difficile de garder sa pondération lorsqu’on se fait traiter de nazi et par un homme qui a des visées totalitaires. C’est la guerre de la terre brûlée qu’il mène-là.

pm

http://www.lemonde.fr/international/article/2017/07/20/l-allemagne-renforce-ses-mises-en-garde-pour-les-voyages-en-turquie_5162949_3210.html

Pierre Mathias

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